dimanche 20 août 2006

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Là-bas tout au loin, c'était la mer. Mais j'avais plus rien à imaginer moi sur elle la mer à présent. J'avais autre chose à faire. J'avais beau essayer de me perdre pour ne plus me retrouver devant ma vie, je la retrouvais partout simplement. Je revenais sur moi-même. Mon trimbalage à moi, il était bien fini. A d'autres !... Le monde était refermé... Au bout qu'on était arrivés nous autres !... Comme à la fête !... Avoir du chagrin c'est pas tout, faudrait pouvoir recommencer la musique, aller en chercher davantage du chagrin... Mais à d'autres !... C'est la jeunesse qu'on redemande comme ça sans avoir l'air... Pas gênés !... D'abord pour endurer davantage j'étais plus prêt non plus !... Et cependant j'avais même pas été aussi loin que Robinson moi dans la vie !... J'avais pas réussi en définitive. J'en avais pas acquis moi une seule idée bien solide comme celle qu'il avait eue pour se faire dérouiller. Plus grosse encore une idée que ma grosse tête, plus grosse que toute la peur qui était dedans, une belle idée, magnifique et bien commode pour mourir... Combien il m'en faudrait à moi des vies pour que je m'en fasse ainsi une idée plus forte que tout au monde ? C'était impossible à dire ! C'était raté ! Les miennes d'idées elles vadrouillaient plutôt dans ma tête avec plein d'espace entre, c'était comme des petites bougies pas fières et clignoteuses à trembler toute la vie au milieu d'un abominable univers bien horrible...
Ca allait peut-être un peu mieux qu'il y a vingt ans, on pouvait pas dire que j'avais pas fait des débuts de progrès mais enfin c'était pas à envisager que je parvienne jamais moi, comme Robinson, à me remplir la tête avec une seule idée, mais alors une superbe pensée tout à fait plus forte que la mort et que j'en arrive rien qu'avec mon idée à en juter partout de plaisir, d'insouciance et de courage. Un héros juteux.
Plein moi alors que j'en aurais du courage. J'en dégoulinerais même de partout du courage et la vie ne serait plus rien elle-même qu'une entière idée de courage qui ferait tout marcher, les hommes et les choses depuis la Terre jusqu'au Ciel. De l'amour on en aurait tellement, par la même occasion, par-dessus le marché, que la Mort en resterait enfermée dedans avec la tendresse et si bien dans son intérieur, si chaude qu'elle en jouirait enfin la garce, qu'elle en finirait par s'amuser d'amour aussi elle, avec tout le monde. C'est ça qui serait beau ! Qui serait réussi ! J'en rigolais tout seul sur le quai en pensant à tout ce qu'il faudrait que j'accomplisse moi en fait de trucs et de machins pour que j'arrive à me faire gonfler ainsi de résolutions infinies... Un véritable crapaud d'idéal ! La fièvre après tout.

Céline, Voyage au bout de la nuit




vendredi 18 août 2006

Un amour de Swann

"Dire que j'ai gâché des années de ma vie, que j'ai voulu mourir, que j'ai eu mon plus grand amour, pour une femme qui ne me plaisait pas, qui n'était pas mon genre !"

J'ai quand-même lu ce livre sans me rendre compte immédiatement que, comme tout le monde, je suis un peu une Swann.




vendredi 4 août 2006

Volontaire

Noir Désir & Alain Bashung, Volontaire

Emotions censurées, j'en ai plein le container
J'm'accroche aux cendriers et m'arrange pas les maxillaires
Sélection rythmique, sélection d'combat, effets secondaires
C'est elles, séquelles, c'est tout c'qui me reste de caractère

Tête brûlée, j'ai plus qu'à m'ouvrir le canadair
N'essayez pas d'm'éteindre, ou j'm'incendie, volontaire
Volontaire
A l'analyse, il ressortirait que j'suis pas d'équerre
Vol de nuit sur l'Antarctique, j'attends la prochaine guerre

Jamais d'escales, jamais d'contacts avec l'ordinaire
Perdus la boussole, le compas : erreur volontaire
Volontaire

Frôler des pylônes, des canyons
Et frôler l'éphémère

Si tu touches, si tu t'crashes,
Tu rentres dans le légendaire

Réalité, réalités, punition exemplaire
Si c'est pour jouer les fugitifs, moi j'suis volontaire
Volontaire

[ Bande Son ]