mardi 23 février 2021
23/02/2021
00:14
Par Kalleidoscope
Blog
Aletheia
Tout est pareil et tout a changé
05/03/2017 @ 21:14:17
Les cracheurs de feu de l'enfance
Le trajet qui n'en finit pas
Et la banquette arrière immense
Nous sommes Riverside Park
Les pelouses dans les centre-ville
Nous sommes les beaux jours qui débarquent
Nous sommes les amours imbéciles
Nous sommes le soleil blanc
Juste en sortant du cimetière
Le boulevard après l'enterrement
Les visages pâles dans la lumière
Nous sommes la fin d'été
La chaleur les soirs de retour
Les appartements retrouvés
La vie qui continue son cours
Nous sommes les yeux les larmes
En retrouvant trente ans après
Sur notre enfant les mêmes alarmes
Pour les choses qui nous alarmaient
Nous sommes la vie ce soir
Nous sommes la vie à cet instant
Et je te suis sur le trottoir
Et je te regarde à présent
Les chemins de la rage
16/03/2016 @ 15:23:34
Stupeur et tremblements
08/03/2015 @ 20:21:01
La paix est un plat qui se mange froid
20/03/2014 @ 00:31:25
"On ne change pas" (de la permanence des êtres)
08/11/2013 @ 21:47:13
No human is an island
22/03/2013 @ 05:21:19
Les rescapées
19/01/2013 @ 08:01:28
Sebastian
13/12/2012 @ 02:32:52
Le jour où j'ai préféré dormir
03/06/2012 @ 09:03:36
Au final, mon côté pile électrique prenait le dessus. Jusqu'en prépa. Malgré les nuits blanches, malgré les nuits courtes, malgré toute la fatigue que je traînais, je voulais me réveiller. C'était l'évidence, de toute façon, je n'avais "pas le choix".
En fait, insidieusement, certains jours, le non-réveil me susurrait des mots doux depuis l'oreiller, rendors-toi, tu as ouvert l'oeil, mais tu peux le refermer. Assez rarement en prépa, et de plus en plus souvent après. J'ai commencé à préférer dormir que faire n'importe quoi d'autre, jusqu'à faire des micro-siestes en journée avant de retourner donner mes cours. La sieste. "LOL" comme on disait en 1999.
Dormir avec quelqu'un d'autre ne m'a pas réussi. Quand j'étais avec Bianca, j'arrivais encore moins à m'endormir, encore moins à me réveiller. Je ne compte pas les matins où j'ai séché des séminaires parce que je ne pouvais me résoudre à quitter le lit où j'étais si bien installée.
La veilleuse
19/02/2012 @ 23:28:06
La Superbe
15/01/2012 @ 13:43:52
Le silence
21/09/2011 @ 17:17:28
L'ennemi principal
12/07/2011 @ 03:01:14
Un ballet de multiples Patronus joue dans ma tête, que je lance les uns après les autres à la poursuite du chien noir. Je me demande ce qui marchera et ce qui ne marchera pas, dans toute l'étendue des sentiments à ma disposition. Sur le dos, la tête en arrière, je nage sous les étoiles en prenant les "dimensions de l'univers". Les souvenirs des fois où j'ai pu nager sous les étoiles me reviennent. DJerba, Aix. Ces moments figés dans le temps trouvent une vie improbable dans mon esprit, où ils servent à cristalliser la fin de l'enfance... et les débuts de l'adolescence. Je rejoue ces scènes. Je sais qu'elles abritent quelque chose. Une huître n'aurait pas plus de secrets. Mon Patronus doit être bien caché par là, mais J'ai cherché, en même temps qu'Harry dans la retrospective au Rex, mon souvenir le plus heureux. Celui qui me ferait le Patronus le plus efficace. J'ai séché. Pas moyen de mettre la main sur UN souvenir précis, je n'ai que des étendues de souvenir. Pas l'intensité de la cascade, mais la longévité du fleuve. Pas faute d'avoir remué la poussière dans les moments les plus improbables : sur le dos, la tête en arrière, je nage sous les étoiles. Les souvenirs des fois où j'ai pu nager sous les étoiles me reviennent. Djerba, Aix. Ces moments figés dans le temps trouvent une vie improbable dans mon esprit, où ils servent à cristalliser la fin de l'enfance et les débuts de l'adolescence. Chien noir et dementor traînent dans les parages depuis 10 ans. L'ennemi principal est très bien caché, c'est Nothomb qui l'a dit. Mais j'ai choisi de m'y attaquer. Ce n'est pas une guerre contre moi-même, c'est une guerre contre ce passager clandestin qui n'a rien à faire en moi. Les termes du conflit et les alliances seront sûrement modifiées en cours de route, je m'y attends. Mais Robinson doit crever.
"Bonne fête maman ?"
31/05/2011 @ 16:06:10
A rock steady vibe
16/05/2011 @ 16:11:02
Je me souviens des promenades et des heures passées au soleil à l'écouter. La voix de Gwen Stefani m'accompagnait vers la sortie des limbes post-rupture. Il faisait chaud, j'allais emménager dans mon appart, j'allais passer un mois aux Etats-Unis. La voix de Gwen Stefani était belle. Je me demandais comment ressusciter après avoir échoué à vivre avec quelqu'un. Gwen Stefani m'a répété quelques centaines de fois "a real love survives a rock steady vibe".
Sur fond de soleil, on croit à tout.
En réalité, il ne suffit pas d'aimer les gens. Ca serait beaucoup trop simple.
J'écoutais une chanson de Bob Dylan, aussi, en alternance avec les boucles de Rock Steady. Je voulais tant, moi aussi, m'en retourner "to the queen of spade". Beauté de la fidélité... J'ai aimé pour la vie, pas que la "queen of spade", et j'ai parfois l'impression que je ne pourrai jamais plus aimer personne d'autre. Les autres, des figurants, du flan, du néant. Je reste bloquée dans le passé.
En réalité, on peut avancer, aimer à nouveau, mettre de l'ordre dans tout ça ?
Je tente le principe de réalité depuis des années, en essayant, en donnant leur chance à d'autres, mais rien ne marche. Il faut croire que je m'y prends bien mal.
La racine du mal #2
26/04/2011 @ 04:14:19
J'ai eu un jour où j'ai voulu mourir. J'ai pas eu besoin de Google pour savoir comment. C'est instinctif ce genre de choses, je savais la dose, je savais la vitesse, je savais la hauteur. Toute la cube et longtemps après, même longtemps avant en fait, ça a duré. Je me suis projetée mentalement contre tous les RER, depuis tous les ponts au-dessus de toutes les autoroutes, et j'en passe. J'ai pris mentalement les cachets de ma mère, j'ai fait peur réellement à mon père. J'ai tailladé mes bras, j'ai fait peur à personne. J'ai imaginé les gens autour de mon lit d'hôpital, je me suis effrayée moi-même ("at least you scared someone").
Le suicide. C'est le nom que ça porte. C'est l'obsession d'une vie. Ca.
Ca qui me réveille en pleine nuit en septembre. Ca qui obsède mes plus proches. Ca qu'on m'envoie par textos. Ca que j'ai choisi pour porter ma culpabilité.
Je crois à Freud, tout ça, j'ai dit. Y'a une raison, bien précise : sans l'inconscient, "ça" n'a pas de sens. Si je vis accompagnée du suicide, bien gentil à mes côtés, c'est parce qu'une culpabilité originelle nourrit cet animal faussement domestique. Maman et moi. Papounet et moi. Oedipe, Electre, whatever ya callin' it. Y'a quelque chose par là. Je sais que la clé du mystère existe quelque part en moi.
Je me suis jamais dérobée, j'ai jamais cru être innocente dans cette histoire. Les flics me poursuivent dans tous mes rêves, mais évidemment j'ai dû commettre un crime atroce, atridien, oedipien. J'ai dû tuer ma mère et coucher avec mon père, à tous les coups. Elle est là, la racine du mal.
Savoir ça, c'est comme connaître la fin avant d'avoir lu le livre. La psychanalyse, au fond, elle mène toujours à ce putain de cliché. Oedipe niksamère. Un jour, je lirai le livre, parce que je veux savoir comment pourquoi. Je veux savoir pourquoi j'ai su dès l'enfance que ma mère était un danger pour elle-même, je veux savoir pourquoi j'ai retenu depuis le fond de l'enfance le jour où mon père a dit "se suicider, c'est lâche", je veux savoir comment j'ai capté l'attention de mon père en agissant comme ma mère.
Ca pue, hin ? C'est ça, bienvenue dans l'inconscient. C'est sombre et humide, glauque à souhait, poisseux. A peine tu touches un mur, ça te colle aux doigts, ça s'enlève pas. Tu peux plus oublier ce que t'as découvert. Tout a une raison dans l'inconscient, même et surtout le suicide : ça n'est pas lié au degré de douleur, ça vient d'ailleurs. Quand j'ai compris ça, j'ai connu le soulagement.
Mais ouais, je sais, quelques lignes plus haut, j'ai dit "animal faussement domestique", parce que je ne me fais pas d'illusions : ça m'a fait plaiz de visiter l'inconscient, pour autant j'ai pas encore trouvé comment déloger le squat des idées suicidaires. Squat structurel, squat conjoncturel. Le premier fut soulagé par le début d'analyse. Le second est beaucoup plus violent, sauvage, me prend à la hussarde sans que je m'y attende, à chaque rupture. Y'a pas plus tard que 2 jours.
La racine du mal, on peut la déloger. C'est pas nous, c'est pas toi, c'est pas moi. C'est quelque chose DANS nous. Un truc qu'on n'a même pas fait exprès de faire. Moi j'suis un peu chrétienne dans le fond, ma psy c'est mon messie, sauvez-moi du pêché originel, je vous en prie.
Le pardon, c'est pour ça. La rédemption, je l'accorde aux autres, parce que je meurs d'envie qu'on me l'accorde. C'est ce qui m'a permis de trouver un équilibre acceptable, en attendant de replonger dans l'inconscient.
Ce message n'a aucune cohérence, aucune logique, aucun ordre, les paragraphes correspondent à que dalle, à peine si je vois le rapport à l'intérieur même des phrases. J'ai réécrit 7537635 fois les dernières lignes, sans trouver comment conclure. Peut-être qu'en fait, y'a pas de conclusion. Je t'ai juste vendu ma vie et ma manière de vivre avec notre ami le suicide, parce que je crois que j'y réussis pas trop mal.
Silence, je tourne.
21/03/2010 @ 00:33:43
Puisqu'au fond, le problème, c'est bien la trahison de ce corps. Je ne peux rien dire sans montrer mes vrais sentiments, ceux que je ne peux pas laisser apparaître, puisque je ne donne prise à personne. Ou plutôt je ne veux donner prise à personne.
Depuis que je suis enfant, j'ai appris à ne jamais laisser personne me blesser. D'où me vient cette idée que je peux me mettre en danger si je dévoile mes sentiments ? Je n'ai jamais confié de secret à personne quand j'étais petite, à la maternelle. En primaire, j'avais dit à quelques copines que j'étais amoureuse de Christopher, et elles ne m'ont jamais trahie, même si la nouvelle avait fini par s'ébruiter par de nombreux autres moyens. Mais déjà, en primaire, je n'aimais pas montrer ma tristesse. Je crois qu'être amie avec Sana a joué un rôle là-dedans, dans la construction de cette putain de fierté et d'orgueil qui nous ont bien desservies. On serait mortes plutôt que de dire à l'autre qu'elle nous manquait et qu'on voulait jouer de nouveau avec elle. Tête haute, cache ta peine et va jouer ailleurs. Joue la colère plutôt, tu auras l'air plus forte qu'elle. Depuis, je n'ai jamais cessé de jouer la colère pour masquer tous ces moments où la tristesse dominait.
Au collège, je préférais être en colère contre les filles qui passaient leur temps à se moquer de moi, plutôt que reconnaître qu'elles me faisaient de la peine. Être blessé, c'est pour les faibles. C'est pour les faibles ? Quelque chose me repoussait, et me repousse toujours, profondément quand les gens expriment de la tristesse, quand quelqu'un montre qu'il est blessé. En primaire, ceux qui pleuraient le plus étaient ceux dont on se moquait le plus. Ca ne m'a pas échappé. Personne n'aime les pleurnichards, et j'en ai déduit que personne n'aimait la tristesse et surtout pas moi. The worst thing I could do is to cry in front of you.
Parce que je sais bien comment je considère les personnes montrant de la tristesse, parce que je sais bien comment je les trouve dignes de mépris, j'ai toujours eu peur qu'on me voit de la même manière s'il me venait à l'idée de dire "je ne me sens pas bien". Peur de donner prise à la méchanceté des autres. S'il y a une chose que je sais, c'est que toute personne est capable de cruauté, capable de frapper là où ça fait mal, et sous prétexte que ça peut arriver, même rarement, j'étends mes règles de sécurité à tous.
Dans le fond, je n'ai jamais cherché de ressources en moi pour affronter cette peur. J'aurais pu me dire que j'avais tel ou tel atout en moi, suffisant pour résister en cas d'attaques, mais non. Non, je n'ai rien en moi qui me permette de résister. En tout cas, je n'en ai jamais fait la liste. Pourtant, concrètement, aujourd'hui, je me montre souvent plus résistante à certaines remarques que beaucoup de mes amis : aucune attaque sur mon physique ne peut me vexer, je trouverais plutôt le moyen d'en rire et de retourner toute méchanceté contre la personne ayant cherché ou non à me blesser ; je me sens rarement coupable de quoique ce soit, il est donc peu probable que quelqu'un use de cette corde ; malgré ma panne scolaire depuis plus de 2 ans, mon bon parcours de la primaire à la prépa me sert souvent de rempart quand j'ai peur qu'on se moque de mes études. Je pourrais faire une liste comme ça de ce que je sais avoir en moi. J'ai besoin de cette liste.
Mais encore une fois, je ne sais pas le formuler correctement. Avoir un parcours scolaire dont je suis fière n'est pas "en" moi. Ce qui a été en moi, c'était le moteur pour courir après ces résultats, après ces notes, après ces appréciations. Ce qui a été en moi, c'est l'énergie pour courir après la reconnaissance de mes profs. Si je ne l'avais pas eue, je ne suis pas sûre que j'aurais pu avoir ces résultats.
Oui, en réalité, je pourrais reprendre chacun des "atouts" dits plus hauts, afin de les démonter ainsi en dévoilant leur vraie nature : il n'y a rien "en" moi, je ne fais que m'accrocher à ce que les autres me donnent. Mes professeurs m'ont donné de l'estime et de la reconnaissance, parfois même de l'affection. Mes amis, mes parents, ma famille, mes partenaires m'ont donné un regard sur mon corps qui me permet de dire aujourd'hui "j'aime l'apparence de mon corps". Et je pourrais continuer la démonstration longtemps. The bottom line is, je ne m'attribue que ce que les autres daignent m'attribuer. Je ne croirais pas en ma propre existence si on ne me remarquait pas.
Alors, le rapport avec le silence devant le Grâal ?
C'est peut-être que je refuse de dire "je suis triste" parce que je ne veux pas laisser aux autres le pouvoir de m'enfermer dans cette tristesse. Puisque j'attribue aux autres le pouvoir de faire en sorte que je me trouve moi-même belle ou intelligente ou gentille, je dois bien leur attribuer aussi le pouvoir de faire en sorte que je me trouve triste ou vexée ou seule. Et dans ce cas, si je leur donne cette capacité, comment surmonter la tristesse qu'ils verront en moi ? Je n'ai rien en moi pour la contrer !
Je n'ai rien, pas la moindre cellule en moi qui serait capable d'affronter l'étiquette "triste".
Bien sûr, il est facile de dire "ce n'est pas ce que les autres pensent que tu ressens qui compte, mais ce que tu ressens toi-même". Bien sûr, c'est si facile.
Mais moi, moi, je n'existe pas si on ne pense rien sur moi. Je suis comme ces personnages de Fantasia : ils disparaissent si on les oublie, il faut penser à eux, il se modèlent d'après la façon dont les lecteurs les imaginent, ils n'ont aucun pouvoir si on croit qu'ils n'en ont aucun, ils ne sont que ce qu'on fait d'eux.
Encore une fois, il est si facile de dire "tu n'es que ce que TU fais de toi-même et personne ne doit entrer dans cette construction". Et il est évident que j'ai construit des choses moi-même, où je n'ai fait intervenir personne. J'ai fait des voyages pour lesquels je n'ai fait appel à rien de pré-existant : aucun prof ne m'avait complimenté dessus, personne de ma famille ne m'a jamais encouragée là-dedans, et aucun de mes amis ne m'a jamais vue comme une baroudeuse. J'ai trouvé l'envie de partir, le courage d'affronter ça seule ou avec quelqu'un, j'ai trouvé tout cela et bien plus en moi. Je l'ai trouvé dans ma rage, ma peine et tout ce que je n'exprime jamais, justement. Mes voyages sont nés de ce que j'avais de plus fort en moi, de ce qui criait à la délivrance. C'est pour cela qu'ils tiennent, et continueront de tenir : ils se sont servis de la peine, qui sera toujours là no matter what.
Le reste n'est bâti que sur du sable. C'est parce que mes études ne viennent de rien en moi que je suis en panne. Profs partis, parents qui se désengagent, le château de cartes s'est effondré. Ca n'a rien à voir avec le fait d'aimer ou pas les études. J'aime apprendre, mais étudier nécessite de transformer quelque chose en soi, de se servir de quelque chose en soi qui ne demande qu'à sortir. Pour certains, c'est sortir de leur milieu social, pour d'autres ça sera crier à leur parents qu'ils peuvent être aussi ambitieux qu'eux. Pour moi, ça ne correspondait à rien d'autre qu'à me faire plaisir en recevant des compliments.
Je suppose que si la figure-repoussoir de la fille complexée par son physique, incarnée par la plupart de mes amies, venait un jour à ne plus être efficace pour moi, et bien je ne saurais plus comment me regarder dans un miroir pour me trouver belle. C'est cette figure-repoussoir dont je me sers pour me dire "je ne dois pas penser comme ça".
Et comment je dois penser ? Comment je dois me construire par-rapport à moi-même ? La seule chose que je me répète depuis quelques temps, quelques mois peut-être, c'est que je serai toujours triste. Je le serai toujours, c'est ce que j'ai découvert en cube. J'ai découvert toute cette partie noire noire noire qui existait, cette partie qui veut mourir pour de vrai, même pas du chiqué né d'un chagrin d'amour. Non. Comme à peu près tous les adolescents, je me suis dit que je voulais me jeter d'une chaise le jour où j'ai vécu mes premiers chagrins d'amour. Mais il aurait suffi de gratter un peu pour éliminer la couche de suie sur l'arc-en-ciel. Même avoir aimé "Voyage au bout de la nuit" en hypokhagne ne me faisait pas approcher de ce que j'ai approché en cubant. Le jour où j'ai cubé, c'est tout l'arc-en-ciel qui a changé de couleur. Je ne sais pas pourquoi, je sais juste qu'au sortir de la cube, j'ai réalisé très violemment tout ce qui me faisait mal. J'ai compris uniquement plus tard que ça ne s'arrêterait probablement jamais de me faire mal. Que je devais construire quelque chose à partir de ça, dont les voyages.
J'extériorise beaucoup mes voyages, je les prends en photo, je les montre, j'en parle, oui définitivement j'ai trouvé un moyen de dire "j'ai mal" sans vraiment le dire. Je dis "je voyage" à la place. Mais ça ne suffit pas. J'aimerais pouvoir dire "j'ai mal" sans attirer des regards de compassion, ni même effrayer les gens.
Mais pouvoir dire ça ne serait que le début. Ca ne me dirait pas comment construire à partir de là, et construire autre chose que des voyages. Je ne peux pas construire mes études sur ma peine ou ma rage. Je ne sais pas ce qui existe en moi pour mes études. Est-ce-qu'il existe seulement quelque chose ? Et puis, qu'ai-je en moi pour vivre une relation à deux ? Pour que je n'aie pas besoin de m'accrocher à des stupides remparts de sécurité, pour que je n'aie pas besoin de tous ces gadgets qui m'ont manqué quand j'étais avec Bianca.
Mais peut-être qu'en fait, pouvoir dire "j'ai mal" permettrait très simplement ensuite de tout construire à partir de là. Peut-être que les choses s'enchaînent vraiment. Peut-être que je saurais vraiment m'attribuer mes propres pouvoirs et pas aller chercher ceux que les autres me donnent.
Ce qui est bien avec ce genre de réflexion, c'est que de toute façon, n'ayant jamais essayé la solution potentielle, je ne risque pas de savoir si elle est efficace. Il faudrait d'abord sortir du cercle dans lequel je tourne depuis si longtemps.
At last the secret is out
15/01/2007 @ 02:11:16
At last the secret is out,
as it always must come in the end,
the delicious story is ripe to tell
to tell to the intimate friend ;
over the tea-cups and into the square
the tongues has its desire ;
still waters run deep, my dear,
there's never smoke without fire.
Behind the corpse in the reservoir,
behind the ghost on the links,
behind the lady who dances
and the man who madly drinks,
under the look of fatigue
the attack of migraine and the sigh
there is always another story,
there is more than meets the eye.
For the clear voice suddenly singing,
high up in the convent wall,
the scent of the elder bushes,
the sporting prints in the hall,
the croquet matches in summer,
the handshake, the cough, the kiss,
there is always a wicked secret,
a private reason for this.
(Wystan Hugh Auden)
Les habitudes
14/01/2007 @ 19:27:28
Eternal Sunshine Of The Spotless Mind
21/10/2006 @ 16:02:04
Ce qui compte, c'est ce qui va suivre.
Ce qui compte, c'est que je suis devenue le titre de ce blog : un kaléidoscope, une vraie machine à couleurs.
Essayons d'être rationnelle pour expliquer de façon claire que Ma vie a changé : l'important c'est le temps, l'important c'est les gens, l'important c'est l'espace, n'est-ce-pas ? Et ces trois horizons principaux, le triangle de ma vie, sont nés à partir de la prépa.
La prépa, parlons-en. Un joli phénomène, de cuber. On se lance dedans sans trop savoir pourquoi, et on finit par y tenir comme à la prunelle de ses yeux. Heureusement que j'ai eu cette idée saugrenue, même dans une autre spécialité, même dans un autre lycée que ma première khâgne. L'espace-cocon, ce lycée. J'y évolue comme dans ma chambre, tant je m'y sens à l'aise.
Grâce à la prépa, mon monde a pris les dimensons de l'Univers, et seuls les TL qui ont eu leur bac en 2004 et 2005 devraient comprendre le détournement de citation. La TL, une référence que je n'ai pas prise au hasard, la TL mon trampoline grâce auquel je me suis propulsée directement au pays des merveilles (sans le "ou pas" de Lorane !). Le pays des merveilles, la prépa. L'évidence de l'enchaînement, entre TL et aujourd'hui, entre case "terre" et case "ciel".
Et comme le ciel est infini, mon monde aussi a fini par le devenir. Pas toujours grâce à la prépa d'ailleurs : des fois, toute seule comme une grande, j'ai fait connaissance avec certaines personnes -Julien ou Margaux, pour ne citer qu'eux ; d'autres fois, mes amitiés nées avant l'hypo ont été assez fortes pour survivre aux moments sombres de l'adolescence. Et à chacune de ces personnes correspond une nouvelle porte d'entrée sur un monde différent.
Mes amitiés sont fractales, pour emprunter un langage dont je n'ai pas l'habitude. Je me plais à parler de mondanité, tout en sachant que ça n'en est pas pour moi. J'aime porter mes pas en des lieux nouveaux, des lieux de vie qui ne sont pas la mienne et où, pourtant, je suis la bienvenue.
J'ai passé l'année précédente à dormir ailleurs que chez moi, à tel point que j'en avais fini par mettre systématiquement une brosse à dents dans mes sacs. L'espace s'agrandissait au fil des jours, et je pense pouvoir dire sans me tromper qu'il ne s'est pas rétréci depuis. Et même si je vois moins souvent des gens comme Mathieu ou Tristan, je sais qu'ils sont là, et qu'il suffit de les recontacter pour que leur porte me soit de nouveau ouverte.
Comme je l'explique un peu plus bas, Coline a dit "Chaque année est meilleure que la précédente", et Sarah a dit "On sera là dans 10 ans". Je ne suis plus angoissée par le temps qui passe, tout juste encore de légères inquiétudes. J'ai 19 ans et c'est merveilleux, j'aime ce chiffre. Il fait grande et pas trop. Il fait djeunz et pas trop. Il fait "je fais des choix" mais pas trop. Il accompagne ma personnalité, il ne me brusque pas, il prend le temps comme moi.
Je prends le temps d'avoir 19 ans, et je ne sais pas comment je pourrais mieux exprimer l'intensité de l'instant. Entre sourires à la volée et confidences dérobées, les moments volés d'intimité avec mes amis m'appartiennent.
Fils d'Ariane
29/11/2005 @ 23:42:44
Comme tout un pan de mon passé qui aurait sombré.
Mais parfois, le hasard fait bien les choses.
Dans la vapeur et le bruit
29/11/2005 @ 22:56:46
Un concert, c'est au moins une heure d'attente avant l'ouverture des portes. Parfois plus quand j'ai que ça à faire.
Debout. La file qui s'allonge. Attente.
Toujours vérifier que j'ai bien pris le billet, et que c'est pour le bon concert. Cacher l'appareil photo au fond du sac.
Debout encore. Se féliciter d'être parmi les premiers. Attente.
Observer les gens, les groupes d'amis, les vêtements, les visages. Les jeunes et les moins jeunes. Ceux qui ont une tête à écouter ça, et ceux qui ont l'air de débarquer.
Debout encore. Les portes s'ouvrent.
Alors un concert, ça devient du bruit et de la vapeur.