lundi 5 septembre 2005
05/09/2005
19:21
Par Kalleidoscope
Blog
L'heure du thé
Je crois que je ne vais pas m'y faire. Je sais que c'était seulement le premier jour, que je n'ai eu que 2 heures de cours, et que l'odieuse-à-côté-de-moi ne représente qu'1/60e des élèves, mais quand-même. Quand-même. Ce n'est pas ma place.
Ma place n'est pas dans une prépa où les classes contiennent 60 élèves
Elle n'est pas dans un lycée où on te dit "Oh tu verras, ce prof est vraiment gentil, il ne te fera jamais pleurer pendant une colle"
Elle n'est pas dans un lycée où l'odieuse-à-côté-de-moi souffle toutes les 30 secondes, genre "Mais qu'est ce qu'il est con ce prof"
Elle n'est pas dans un lycée où le prof semble se ficher que personne n'ait lu l'oeuvre en entier
Elle n'est pas dans un lycée où une élève peut flamber en répondant à toutes les questions de culture générale du prof, que même à Questions pour un Champion, ils n'oseraient pas poser
Elle n'est pas dans ce lycée froid, aux couloirs et escaliers enchevêtrés.
Alors j'essaie de garder la bonne humeur acquise dans les transports avec Fabien, parce que c'est pas du luxe d'arriver dans ce lycée en ayant passé 30 minutes à plaisanter. Et de tomber ensuite directement sur JB, qui arrive en vélo, en bon Parisien qui se respecte.
Alors je reste avec JB, parce que lui aussi est très fier d'être à F., en plein coeur d'un des meilleurs quartiers parisiens, et parce lui non plus, cependant, n'a pas l'air à sa place. A la fin des cours, à 10h, on rédige notre lettre de démission à la prépa qui nous avait envoyé une réponse positive la première. Posés place St-Michel, on invente des formules aussi ridicules les unes que les autres, quand je vois Mylène.
Mylène, c'est une fille que je connais depuis la 6e, mais avec qui je n'ai vraiment parlé qu'à partir de la Terminale. J'allais dans les salles de 1e, voir Charlotte qui avait redoublé avec elle, et on s'est vraiment connues à partir de ce moment-là.
Alors forcément, la voir ici, apparaître comme de nulle part, après mes 2 heures de cours peu chaleureuses, ça m'a fait chaud au coeur. JB s'est imposé de lui-même dans la conversation, puisque je ne l'avais toujours pas présenté, et on a discuté comme ça pendant une grosse demie-heure, entre anecdotes de prépa et anecdotes de ma vie antérieure au lycée.
Et repartir avec JB, errer dans les rues du 5e, entrer dans des boutiques, rire de tout et n'importe quoi, des coques de portable ridicules, de ses sprints soudains sans raison. Et finalement se séparer vers midi, parce qu'il est quand-même temps de manger.
Tout reprend dans l'après-midi : pendant le cours de lettres, j'avais envoyé un sms à Coline, pour lui demander à quelle heure je pouvais l'attendre à la sortie du lycée. Du coup, après un peu de lecture et une sieste d'1/4 d'heure, je resors pour l'attendre devant la grille.
Mais arrivée à 16 heures devant le lycée, avec l'intention de papoter avec Coline et les filles, je suis repartie après 18 heures, en ayant même travaillé en 302. Alors bon, couper le cordon avec mon lycée, des clous. Mon lycée, c'est celui de mon hypokhâgne. Et même si je passe une bonne année à F, il n'y aura pas de grèves comme l'an dernier, il n'y aura pas de squatt de glacier pas cher, il n'y aura pas de sandwicherie à 2€, il n'y aura pas de prof d'histoire avec un stock de blagues qui m'est tout réservé rien qu'à moi, il n'y aura pas de squatt en 302, et tout ce qui me disait "Non Marine ne pars pas".
Après la rentrée de Vendredi où j'étais déjà montée dans les salles, je suis donc revenue. Et à chaque pas, croiser une figure familière, un sourire, une accolade. De Sarah qui me réveille "Vas-tu passer devant moi sans me calculer ?" à Katarina et son "Tu vas nous manquer" quand on est sorties, il n'y a pas eu un seul instant sans que je regrette à moitié d'avoir changé de lycée.
Il y avait Bianca que je n'avais pas vue depuis mon anniversaire.
Il y avait le prof d'histoire, avec qui j'ai discuté, et qui en a profité pour me sortir une blague sur mon prénom et la mer Baltique tellement nulle que j'en ai ri, parce que ce prof me tue.
Il y avait tous ces sourires étonnés, Ah ben t'es revenue, et les Mais je croyais que t'étais à F. !
Il y avait mon prof d'allemand tout sourire de me revoir.
Il y avait les hypo venant de mon ancien-ancien lycée : Emilie-la-copine-de-Fabien, Samia-la-L-adorable-qui-a-toujours-la-pêche, et Baptiste qui n'avait pas hésité à m'accoster dans la rue, alors qu'on ne s'était jamais parlé, pour avoir des renseignements sur la prépa.
Il y avait Lorane et Coline, avec qui on a essayé de travailler en 302, sans vraiment y parvenir.
Enfin bref.. En 2 heures, j'ai eu un concentré de ma meilleure année scolaire et de ma vie antérieure pré-bac.
La vie antérieure.
Parce qu'il y a l'avant-hypokhagne et l'après-hypokhagne.
Et je ne suis chez moi que dans le lycée où j'ai fait mon hypokhâgne. Et aussi péremptoire que cela puisse paraître, je ne me sentirai jamais aussi bien dans une école que dans ce lycée. Quand j'étais en hypo, j'aimais revenir dans mon ancien lycée, mais c'était tout de même un monde à part avec ses petites guerres et ses souvenirs qui me pesaient. Là, quand je reviens dans ma prépa -je n'arrive même pas à dire "ancienne"- le moindre mur m'est chaleureux.
Tout me dit "Rentre, fais comme chez toi, reste même", enfin c'est surtout Coline qui me dit ça.
Coline à qui j'ai envoyé un sms le matin pour lui demander à quelle heure elle finissait, parce que je voulais l'attendre à la sortie du lycée.
Et je me sens comme cette chanson de Delerm "J'étais passé prendre le thé, et j'ai passé la nuit".
Ma place n'est pas dans une prépa où les classes contiennent 60 élèves
Elle n'est pas dans un lycée où on te dit "Oh tu verras, ce prof est vraiment gentil, il ne te fera jamais pleurer pendant une colle"
Elle n'est pas dans un lycée où l'odieuse-à-côté-de-moi souffle toutes les 30 secondes, genre "Mais qu'est ce qu'il est con ce prof"
Elle n'est pas dans un lycée où le prof semble se ficher que personne n'ait lu l'oeuvre en entier
Elle n'est pas dans un lycée où une élève peut flamber en répondant à toutes les questions de culture générale du prof, que même à Questions pour un Champion, ils n'oseraient pas poser
Elle n'est pas dans ce lycée froid, aux couloirs et escaliers enchevêtrés.
Alors j'essaie de garder la bonne humeur acquise dans les transports avec Fabien, parce que c'est pas du luxe d'arriver dans ce lycée en ayant passé 30 minutes à plaisanter. Et de tomber ensuite directement sur JB, qui arrive en vélo, en bon Parisien qui se respecte.
Alors je reste avec JB, parce que lui aussi est très fier d'être à F., en plein coeur d'un des meilleurs quartiers parisiens, et parce lui non plus, cependant, n'a pas l'air à sa place. A la fin des cours, à 10h, on rédige notre lettre de démission à la prépa qui nous avait envoyé une réponse positive la première. Posés place St-Michel, on invente des formules aussi ridicules les unes que les autres, quand je vois Mylène.
Mylène, c'est une fille que je connais depuis la 6e, mais avec qui je n'ai vraiment parlé qu'à partir de la Terminale. J'allais dans les salles de 1e, voir Charlotte qui avait redoublé avec elle, et on s'est vraiment connues à partir de ce moment-là.
Alors forcément, la voir ici, apparaître comme de nulle part, après mes 2 heures de cours peu chaleureuses, ça m'a fait chaud au coeur. JB s'est imposé de lui-même dans la conversation, puisque je ne l'avais toujours pas présenté, et on a discuté comme ça pendant une grosse demie-heure, entre anecdotes de prépa et anecdotes de ma vie antérieure au lycée.
Et repartir avec JB, errer dans les rues du 5e, entrer dans des boutiques, rire de tout et n'importe quoi, des coques de portable ridicules, de ses sprints soudains sans raison. Et finalement se séparer vers midi, parce qu'il est quand-même temps de manger.
Tout reprend dans l'après-midi : pendant le cours de lettres, j'avais envoyé un sms à Coline, pour lui demander à quelle heure je pouvais l'attendre à la sortie du lycée. Du coup, après un peu de lecture et une sieste d'1/4 d'heure, je resors pour l'attendre devant la grille.
Mais arrivée à 16 heures devant le lycée, avec l'intention de papoter avec Coline et les filles, je suis repartie après 18 heures, en ayant même travaillé en 302. Alors bon, couper le cordon avec mon lycée, des clous. Mon lycée, c'est celui de mon hypokhâgne. Et même si je passe une bonne année à F, il n'y aura pas de grèves comme l'an dernier, il n'y aura pas de squatt de glacier pas cher, il n'y aura pas de sandwicherie à 2€, il n'y aura pas de prof d'histoire avec un stock de blagues qui m'est tout réservé rien qu'à moi, il n'y aura pas de squatt en 302, et tout ce qui me disait "Non Marine ne pars pas".
Après la rentrée de Vendredi où j'étais déjà montée dans les salles, je suis donc revenue. Et à chaque pas, croiser une figure familière, un sourire, une accolade. De Sarah qui me réveille "Vas-tu passer devant moi sans me calculer ?" à Katarina et son "Tu vas nous manquer" quand on est sorties, il n'y a pas eu un seul instant sans que je regrette à moitié d'avoir changé de lycée.
Il y avait Bianca que je n'avais pas vue depuis mon anniversaire.
Il y avait le prof d'histoire, avec qui j'ai discuté, et qui en a profité pour me sortir une blague sur mon prénom et la mer Baltique tellement nulle que j'en ai ri, parce que ce prof me tue.
Il y avait tous ces sourires étonnés, Ah ben t'es revenue, et les Mais je croyais que t'étais à F. !
Il y avait mon prof d'allemand tout sourire de me revoir.
Il y avait les hypo venant de mon ancien-ancien lycée : Emilie-la-copine-de-Fabien, Samia-la-L-adorable-qui-a-toujours-la-pêche, et Baptiste qui n'avait pas hésité à m'accoster dans la rue, alors qu'on ne s'était jamais parlé, pour avoir des renseignements sur la prépa.
Il y avait Lorane et Coline, avec qui on a essayé de travailler en 302, sans vraiment y parvenir.
Enfin bref.. En 2 heures, j'ai eu un concentré de ma meilleure année scolaire et de ma vie antérieure pré-bac.
La vie antérieure.
Parce qu'il y a l'avant-hypokhagne et l'après-hypokhagne.
Et je ne suis chez moi que dans le lycée où j'ai fait mon hypokhâgne. Et aussi péremptoire que cela puisse paraître, je ne me sentirai jamais aussi bien dans une école que dans ce lycée. Quand j'étais en hypo, j'aimais revenir dans mon ancien lycée, mais c'était tout de même un monde à part avec ses petites guerres et ses souvenirs qui me pesaient. Là, quand je reviens dans ma prépa -je n'arrive même pas à dire "ancienne"- le moindre mur m'est chaleureux.
Tout me dit "Rentre, fais comme chez toi, reste même", enfin c'est surtout Coline qui me dit ça.
Coline à qui j'ai envoyé un sms le matin pour lui demander à quelle heure elle finissait, parce que je voulais l'attendre à la sortie du lycée.
Et je me sens comme cette chanson de Delerm "J'étais passé prendre le thé, et j'ai passé la nuit".