mercredi 15 décembre 2010
15/12/2010
00:30
Par Kalleidoscope
Blog
Dexter, Robinson et moi
J'ai commencé à lire Voyage au bout de la nuit en classe de Terminale. J'en étais très fière parce que c'est un des rares archi-classiques que j'ai lu et dont je peux réellement parler. Seulement, je me suis rapidement arrêtée, genre à la centième page. C'était suffisant pour savoir que ce livre allait être mon préféré, mais pas assez pour deviner à quel point il allait me bousculer. Et puis je l'ai repris en fin d'hypokhâgne, quand Jean-Baptiste m'a dit qu'il venait de le lire. L'envie m'est revenue : c'était bientôt la fin de l'année, il faisait beau, je voulais me remuer les tripes.
Robinson est le seul personnage de fiction qui m'ait obsédée, et qui m'obsède encore, autant. Il y a bien Helen Keller, mais elle, elle a réellement vécu. D'autres m'ont émue, Lyra et Will du Miroir d'Ambre, certains m'ont fascinée, Allis LC Wonder de Virus LIV3, je ne parle même pas de ceux qui se sont approchés à 2 cm de moi, Wolf de L'Herbe rouge. Non, Robinson, c'était plus que ça. Lui, c'est la force de l'absence, la puissance narrative en négatif. Le non-dit qui explose à la fin du roman. Toute l'histoire peut se relire différemment une fois qu'on sait qu'il se tire une balle à la fin : la quête de Ferdinand, les apparitions sporadiques de son personnage, le sens même du Voyage. Ca m'avait rappelé la tête "qui prend les dimensions de l'Univers" dans Un Roi sans divertissement.
Robinson est un "dark passenger". Bien avant "l'ennemi intérieur" de Nothomb dans Cosmétique de l'ennemi, bien avant le "dark passenger" de Dexter, il y eut celui de Ferdinand. Néanmoins, ils sont tous des avatars du même personnage au final. Tous m'ont pris la main pour me désigner la même chose. C'était encore beaucoup trop confus quand j'ai lu Nothomb pour que je le comprenne. L'histoire de Robinson, elle, m'a montré l'endroit précis, m'a mis les doigts en plein dans la plaie, dans ce trou noir qui absorbe tout sur son passage. L'histoire de la cube est, peut-être, ce dévoilement du trou noir. "Finally, the truth.".
Dexter a un "dark passenger". Il l'ignore, mais il n'est pas le seul dans ce cas. Debra, Rita, Lumen, son père, tous l'ont ou l'ont eu. Il l'ignore, mais tous ont affaire à leur "darkness" propre. C'est normal, il est tellement auto-centré qu'il ne le voit pas, tout préoccupé qu'il est à observer son propre trou noir. Robinson, c'était l'égocentrisme du suicide ; dans le cas de Dexter, l'égocentrisme est juste dirigé ailleurs.
Il n'empêche qu'une différence monstrueuse existe entre eux et le reste du monde : ils n'ont rien trouvé de suffisamment consistant pour remplacer l'espace énooorme du trou noir. Ferdinand a trouvé, Debra a trouvé. Mais Dexter n'a d'autre solution que redoubler ses propres ombres avec celles de Lumen, sinon il s'écroulerait. Mais Robinson n'a d'autre solution que se tuer, peut-être pour laisser Ferdinand vivre.
Moi, je n'ai ni "dark passenger" ni Robinson pour me guider. En revanche, le trou noir est là, immense. Il est dans la place, comme on dit. Il me semble souvent plus réel que la réalité, plus consistant que la chair, plus solide que celui des autres. Pourtant, je passe mon temps à chercher ce qui existe dans les tripes des gens, à sonder la profondeur de leur trou noir. Parfois, je crois me voir en miroir, mais je n'aurai jamais de réponse à ma question. Tout ce que je sais, c'est ce sentiment de solitude et d'abandon après. Après. Après avoir cassé l'assiette, après avoir dit "You're right about everything, we're not the same".
Peut-être que Lumen/LaBlanche ont eu raison de partir après tout. We're not the same.
Robinson est le seul personnage de fiction qui m'ait obsédée, et qui m'obsède encore, autant. Il y a bien Helen Keller, mais elle, elle a réellement vécu. D'autres m'ont émue, Lyra et Will du Miroir d'Ambre, certains m'ont fascinée, Allis LC Wonder de Virus LIV3, je ne parle même pas de ceux qui se sont approchés à 2 cm de moi, Wolf de L'Herbe rouge. Non, Robinson, c'était plus que ça. Lui, c'est la force de l'absence, la puissance narrative en négatif. Le non-dit qui explose à la fin du roman. Toute l'histoire peut se relire différemment une fois qu'on sait qu'il se tire une balle à la fin : la quête de Ferdinand, les apparitions sporadiques de son personnage, le sens même du Voyage. Ca m'avait rappelé la tête "qui prend les dimensions de l'Univers" dans Un Roi sans divertissement.
Robinson est un "dark passenger". Bien avant "l'ennemi intérieur" de Nothomb dans Cosmétique de l'ennemi, bien avant le "dark passenger" de Dexter, il y eut celui de Ferdinand. Néanmoins, ils sont tous des avatars du même personnage au final. Tous m'ont pris la main pour me désigner la même chose. C'était encore beaucoup trop confus quand j'ai lu Nothomb pour que je le comprenne. L'histoire de Robinson, elle, m'a montré l'endroit précis, m'a mis les doigts en plein dans la plaie, dans ce trou noir qui absorbe tout sur son passage. L'histoire de la cube est, peut-être, ce dévoilement du trou noir. "Finally, the truth.".
Dexter a un "dark passenger". Il l'ignore, mais il n'est pas le seul dans ce cas. Debra, Rita, Lumen, son père, tous l'ont ou l'ont eu. Il l'ignore, mais tous ont affaire à leur "darkness" propre. C'est normal, il est tellement auto-centré qu'il ne le voit pas, tout préoccupé qu'il est à observer son propre trou noir. Robinson, c'était l'égocentrisme du suicide ; dans le cas de Dexter, l'égocentrisme est juste dirigé ailleurs.
Il n'empêche qu'une différence monstrueuse existe entre eux et le reste du monde : ils n'ont rien trouvé de suffisamment consistant pour remplacer l'espace énooorme du trou noir. Ferdinand a trouvé, Debra a trouvé. Mais Dexter n'a d'autre solution que redoubler ses propres ombres avec celles de Lumen, sinon il s'écroulerait. Mais Robinson n'a d'autre solution que se tuer, peut-être pour laisser Ferdinand vivre.
Moi, je n'ai ni "dark passenger" ni Robinson pour me guider. En revanche, le trou noir est là, immense. Il est dans la place, comme on dit. Il me semble souvent plus réel que la réalité, plus consistant que la chair, plus solide que celui des autres. Pourtant, je passe mon temps à chercher ce qui existe dans les tripes des gens, à sonder la profondeur de leur trou noir. Parfois, je crois me voir en miroir, mais je n'aurai jamais de réponse à ma question. Tout ce que je sais, c'est ce sentiment de solitude et d'abandon après. Après. Après avoir cassé l'assiette, après avoir dit "You're right about everything, we're not the same".
Peut-être que Lumen/LaBlanche ont eu raison de partir après tout. We're not the same.