La nuit blanche s'efface
Mais où sont les glaces
Et nos solitudes glacées
Qui s'y reflétaient ?

Je m'étais promis de rattraper les quelques 145875h de sommeil que j'ai de retard sur l'an passé et que je dois prendre d'avance sur l'année à venir.. Et finalement, non. Pour changer. Le jour où j'aurai un rythme de sommeil normal n'est pas encore prêt de venir.
Décidément, je n'aime pas dormir.

Enfin, c'est un luxe que je m'offre quand je peux me le permettre. C'est sûr que l'an dernier, après une journée de cours harassante, je fantasmais de mon oreiller en faisant mes devoirs. Mais là-maintenant-tout-de-suite, rien du tout : je déteste l'idée de me coucher, et encore plus celle de rester à comater dans mon lit. Et ça me fatigue à peine.
Ce qui était fatigant l'an dernier, c'était de devoir rester éveillée à écouter les profs parler. Là, je sors, je regarde des films, au cinéma ou en Dvd, et ça suffit largement à me tenir éveillée. Je pourrais me coucher à 5h et me réveiller à 10h pendant toutes les vacances.
J'aime pas dormir.

Moi j'aime la nuit. J'aime pas les nuits de travail. J'aime les nuits à rien faire.
J'aime la nuit, parce que je m'y suis toujours sentie mieux que n'importe quel autre moment de la journée. Surtout le petit matin, à partir de 5/6h, quand la rue où j'habite est encore déserte, même si quelques rares personnes partent probablement travailler. C'est comme si le monde était tout neuf. Ca me rappelle un passage d' "Antigone" d'Anouilh, mais j'ai oublié la phrase hum. Et puis la lumière du jour est magnifique à ce moment-là, comme celle du soir tombant.
Enfin la nuit, c'est surtout mon royaume à moi. Je peux dire un peu tout et n'importe quoi à n'importe qui dès que le cap des 3h est dépassé. Je me rends souvent compte de choses qui ne me viennent que la nuit : mes tendances à détruire d'avance ce qui pourrait être beau, ma mère-Clémentine, et j'en passe.
Tout passe par la nuit.

Je suis moi, sans tout à fait être moi-même, je plane légèrement, tout ce que je vis/ressens semble plus clair. Et me tombe dessus. Parce qu'évidemment, les prises de conscience nocturnes sont souvent brutales. Mais ça ne m'empêche pas d'aimer la nuit. Comme une amante passionnée, je la rejette, je la hais de me montrer ce que je n'avais pas toujours envie de comprendre, mais je reviens vers elle, inlassablement.
Je ne voulais pas forcément me rendre compte que je l'aimais encore, je ne voulais pas non plus comprendre ma mère, j'essayais de ne pas voir les murs que j'ai construits autour de mon coeur, j'ai cherché à ignorer que ça fait plus de 2 ans et que c'est bien parti pour durer encore.. Mais c'est toujours pendant une nuit blanche que j'ai réalisé tout ça. Et comme je ne suis pas prête d'arrêter mes nuits blanches..

Même si prendre conscience d'un problème m'a parfois aidée à l'éliminer, les nuits blanches récentes ne m'ont amené que des problèmes insolubles. Comment arrêter de transformer l'or en boue ?

Dans mes nuits blanches
il y a des pages blanches
les mots croisés
du Reader's Digest
dans mes nuits blanches
il y a des turbulences
des messages en morse
des S.O.S
dans mes nuits blanches
il y a des Apaches
des natures mortes
et des chansons tristes
(Benjamin Biolay, "Nuits blanches")