.. ou La confusion des sentiments
J'ai décidé de réserver les pensées construites en 3 parties (2 pour le prof de lettres qui adore les plans tordus) à mes dissert. Je ne sais plus presque plus comment penser autrement qu'avec une problématique, et ça devient problématique, moi qui aime tant écrire au fil de la plume, ou plutôt au fil des doigts, quand je tapote sur un clavier.
J'ai écrit il n'y a pas longtemps, dans le métro, la phrase que voici : "J'ai tant voulu t'exiler de mon corps." Et je ne me doutais pas que je pourrais redire cette phrase à l'infini, qu'elle restera valable pendant encore tellement de temps, trop de temps, et trop de temps tue le temps.
Parce que comme chacun sait, trop de quelque chose tue le quelque chose. C'est ma phrase favorite en ce moment. Je la décline sur tous les modes : trop de travail tue le travail, trop de fatigue tue la fatigue, trop de raclettes tue la raclette. Oui, oui, tous les modes.
Et là, je trouve que trop de rêves bizarres tue le rêve bizarre. Enfin, pas bizarre, juste désarçonnant, surprenant le plus souvent mais pas tout le temps. Il ya des rêves qui ne font qu'exprimer ce qui m'obsède depuis des semaines.
Ahah, des semaines, je blague. Depuis des mois oui. Mais après tout, ce n'est pas si grave, c'est Justine Lévy qui l'a dit : "Rien de grave".
Phèdre aussi dit souvent des choses intéressantes, mais mon père n'est pas le roi des Enfers, et je ne suis pas reine non plus. J'ai dit quasiment la même chose il y a une éternité, sur mon ancien blog, que j'aimerais tragédiser ma vie, me laver de toute responsabilité, mais impossible : j'ai juste l'air grandiloquente, voire carrément ridicule. Je ne suis pas Phèdre, et c'est bien dommage. J'aurais pu dire que "c'est Vénus tout entière à sa proie attachée", ou encore implorer que "les moments me sont chers, écoutez-moi, Thésée". Je ne peux que substituer aux alexandrins une bête phrase qui implore l'oubli et l'oubli, et encore l'oubli.
Eternal Sunshine Of The Spotless Mind, hum ?
Il est plutôt souillé pour l'instant. Souillé de rage, d'outrage, de larmes.
Mais la lassitude, en réalité. La fatigue. Le mode automatique. M a chanté "J'mitraille en automatique, dans ma tête ça va très très vite, les souvenirs qui dérangent dérivent, ma mémoire est sélective, 'faut oublier" C'est donc ça, le secret, l'oubli imploré quelques lignes plus haut.
Pour l'instant, je ne fais que me renfermer sur moi-même, et les quelques allusions very scarce sont effectivement très rares, je n'aime pas développer quand ça ne va pas. Enfin, ça dépend, parce que cet article est quand-même un sacré développement, un long fil continu, une bobine qui se dévide, et qui vide mon sac. Enfin presque. Je procède par allusions, car même parler me fatigue. Je ne me sens pas la force de dire ce qui ne va pas, que la khâgne-bis ça te fait bouffer tes tripes par les narines (surtout que je rame plus que les autres cubes, ce qui n'est pas particulièrement rassurant en soi), et que tout le reste vient se greffer par-dessus, s'accroche aux tripes arrachées ci-dessus, tournoie et se dépouille les restes de ma force.
La force centripète du désespoir contre la centrifugation de la rage.
Les livres posés sur mon bureau me narguent. Je m'arrête d'écrire quelques secondes, je lève le nez du clavier, et je les vois. Ils me chuchotent tous des reproches en continus, des Mas. démultipliés qui m'affirment "vous l'savez", alors que non, je ne sais rien des pages accumulées sous mes yeux.
Je n'ai même pas la force de sourire. Je le fais en classe par automatisme, et parce qu'il faut bien avouer que les profs en disent parfois de belles. Et puis, il y a celles qui ont des vies trépidantes, quand moi je regarde le temps passer, comme une vache regarde les trains. Tiens, association d'idées : vache -> élevage de vaches -> commentaire de carte en spé géo -> 5/20 -> commentaire du prof : "Grand I : délire complet, 'faut arrêter de fumer avant les épreuves du CB"
En fait, j'ai l'air de m'en plaindre, mais au bout d'une seconde ça m'a beaucoup fait rire. Et ça me fait encore rire. Et même pas jaune. Je me demande réellement comment un prof peut oser écrire une énormité pareille (même si ma copie est en effet elle aussi truffée d'énormités)
Il reste moins de 3 mois, dont 6 semaines de cours, avant le concours. Là j'ai envie de dire : L O L devant la masse qui reste à faire.
La khâgne est une succube qui n'a aucune pitié.
S'il n'y avait que ça. En réalité, la khâgne est plutôt un souffre-douleur, le moyen de croire que l'an prochain, tout ira forcément mieux sans elle. "L o l" bis ?
En réalité, le problème c'est "La déclaration", en réalité, le problème c'est "La vie ne vaut rien", en réalité, le problème c'est de ne plus entendre "La princesse et le croque-notes", en réalité, le problème c'est le 11 septembre, en réalité, le problème c'est..
C'est moi. Sauf que bon, je ne vais pas faire une séance de mortification non plus, ni me flageller sur la place publique. Je persiste à penser que les autres ont également un léger problème.
Et je ne sais même pas pourquoi je remue la poussière, ça ne sert à rien. Enfin si, peut-être juste déverser ma bile sur des gens qui n'ont aucun droit de réponse. Ca n'avance rien, mais ça met un peu de baume au coeur.
Il faut avancer, c'est bien ça ? Sauf que, comment fait-on quand on avance à l'aveuglette ? Boris Vian a écrit : Tant de temps à attendre, à chercher dans le noir. Et c'est son plus beau poème, son manifeste, mon manifeste à moi aussi.
Il faudrait se souvenir des belles choses, c'est écrit sur un post-it accroché à mon bureau depuis peut-être 2 ans. La douceur de vivre tient résumée dans ce rappel : il y a eu des belles choses, il y en a peut-être actuellement dont je ne me rends pas compte, et il y en aura plus tard. C'est certain. J'y crois avec la force du désespoir. Pour l'instant, je ne constate juste rien qui puisse mériter le qualificatif "beau".
J'aurais voulu retrouver la folie de l'an passé, mais tout a une fin.
Même cet article.
PS : J'ai provisoirement rétabli le système de commentaires.
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