lundi 23 juillet 2007

Neverending Story

Ca n'est pas facile. Pendant un an, j'ai soigneusement évité de me regarder dans les miroirs. Je me voyais, mais je ne regardais pas. Je ne sais pas comment j'ai si bien pu me contourner pendant tous ces mois. Etrangement, l'objet qui a mis fin à ce jeu de cache-cache, est précisément l'objet par lequel je cherche à m'évader depuis des semaines.
Harry Potter.
Ca n'est pas facile. Il me faudrait expliquer 16 ans de lecture pour faire comprendre le lien possible entre un livre et ma vie. L'histoire du roman n'a même pas nécessairement un rapport direct avec moi.
Ca n'est pas facile.

Pourtant, cette nuit, pendant que j'avalais la fin du tome 7, il s'est passé quelque chose. Il s'est passé une alchimie que je n'avais jamais ressentie à ce point, même avec les tomes précédents. Ca parlait de vie et de mort, ça parlait d'amour et d'amitié. Tout ça est très banal au fond. Ca ne suffit néanmoins pas à expliquer les larmes et les spasmes que je n'ai cessé d'endurer à chaque chapitre, du début à la fin du livre.
Ca n'est pas facile.

Pourquoi je n'ai cessé de vouloir me protéger cette année ? Pourquoi je me suis refait cette carapace, que j'ai mis tant d'années, tant d'efforts, à déconstruire petit à petit ? Pourquoi mon humour et mes remarques sont devenus plus morbides que jamais ? Ca n'est pas facile.
Je crois que je me suis fait du mal cette année, beaucoup de mal. Certes, j'ai vaincu la khâgne-bis, mais à quel prix. Je me suis totalement oubliée. J'ai repoussé chaque morceau de moi qui hurlait d'arrêter, négligé ces petits bouts de faiblesse qui cédaient les uns après les autres. Je me suis dit "je suis seule je suis seule je suis seule" en pensant que ça m'aiderait à surmonter tout comme une grande.

Mais I collapsed. Je demande pardon pour le mot anglais qui m'est venu tout seul, plus naturellement que le mot français. Je me suis effondrée.
Pas forcément dans le sens où on pourrait s'y attendre, pas dans le sens où les gens peuvent s'effondre, en piquant une crise de nerfs une bonne fois pour toutes, et en s'attablant ensuite à recoller les morceaux de verre brisé. J'ai bien frôlé une crise de ce type, après tous mes problèmes administratifs. Mais non, moi je me suis effondrée au ralenti. Ca n'était ni plus chic, ni moins douloureux. Harry Potter parlait de vie et de mort.
J'ai passé des mois à me parler aussi de vie et de mort. Non, pas dans ces grandes phrases tragiques et philosophiques qu'on lit dans les livres. Je me suis juste hurlé, depuis des mois, qui sait depuis combien d'années je me le répète, "MEURS MEURS".
Ca n'est pas facile.

Je m'excuse auprès de ceux que je connais qui viennent lire ici, et qui se sentent sûrement gênés de se trouver au milieu du grand déballage auquel ils ne s'attendaient probablement pas. Qui se sont dit un jour en arrivant ici "ahah c'est le blog de Marine ! Ahah c'est plein de couleurs ça lui ressemble !"
Pourquoi je dis tout ça ici et pas dans un journal, pas en privé, pas à un psy ? Je ne sais pas. En quelque sorte, cet endroit m'est familier, j'y parle à tous donc à personne. De plus, je suis consciente d'avoir cherché à émettre des signaux, plus ou moins explicites, sans évidemment avoir les réponses que j'attendais. Je ne tendais pas suffisamment la main pour qu'on puisse me l'attraper.
Ca n'est pas facile.

It all comes down to being a teenager struggling with adulthood. D'une certaine façon, ce qui me fait mal dans tout ça, c'est comprendre que je n'aurai plus jamais 16 ans. Tout ce qui a accompagné mon enfance et mon adolescence est fini : Friends suivi pendant 8 ans, Harry Potter suivi pendant 8 ans aussi, la prépa pendant 3 ans. Chacune de ces fins fut un signe avant-coureur de ce que j'aurais dû prévoir comme étant un tremblement de terre, si seulement je m'étais un peu mieux regardée dans les miroirs : je ne serai jamais plus une adolescente.
Cette nuit, la pensée ne s'est pas formulée comme ça dans ma tête, pas aussi clairement. J'étais trop occupée à pleurer. Maintenant, je sais ce que chaque larme, chaque soubresaut, signifiait. Je pleurais parce que l'être de papier qui évoluait sous mes doigts fébriles ne serait plus jamais adolescent non plus. Ces mouvements nerveux qui me servaient à suivre les lignes de caractères, j'aurais dû les employer à suivre les lignes de mon visage et de mon propre caractère.

La fin de la prépa a laissé un vide béant en moi, un Ground Zero que je ne sais comment réparer. Ce n'est pas la prépa qui m'a fait ça, c'est moi toute seule, méthodiquement, qui me suis arrachée des lambeaux d'âmes et me suis acharnée à détruire la confiance que j'avais en moi.
Ca n'est pas facile.
Finalement, ça n'est pas très surprenant ce que je dis. Je me surprends à peine, parce que je me contournais depuis des mois, mais je savais tout cela au fond. Je n'ai jamais été exactement quelqu'un de merveilleusement stable, même si mes humeurs en pic peuvent donner le change lors des phases euphoriques.

Quand j'étais petite, je regardais "Le Petit Dinosaure et la Vallée des Merveilles" en boucle. On l'avait enregistré sur une VHS, et je croyais qu'en ajoutant, à la suite du titre manuscrit par mon père, "qui ne perd pas sa maman au début du film", je croyais que cela pouvait intervenir sur l'histoire. Jusqu'à présent, je continue de confondre la réalité et la fiction. Le royaume de Fantasia, dans "L'Histoire sans fin", pourrait vivre tout entier de ma propre imagination.
Pourquoi je raconte ça ? Contrairement à ce que je dis dans les premières lignes de cet article, peut-être qu'il faut me comprendre, et peut-être que cet anecdote contribue à comprendre l'interaction entre Harry Potter et moi. Je ne sais pas. Ca n'est pas facile. Parler de soi n'est jamais facile. Se parler de soi l'est encore moins. Mais au fil des pages lues cette nuit, par le détour de ce qui arrivait aux personnages, je me suis revenue.
Je sais que ça n'est pas facile.

Je ne sais pas où ça m'avance de réaliser l'étendue des dégâts. Choisir d'être du côté de la vie, choisir de "rechercher la vie n'importe où", comme je le répétais en permanence quand j'avais 16 ans, c'est un choix qui se répète à chaque heure de chaque jour. Ca n'est pas facile. I'm a total mess. Et pourtant, je vis. C'est peut-être une des choses les plus miraculeuses, même si dans les mauvais moments, je tends à voir ce miracle comme une malédiction : "on survit à tout malheureusement".
Ca n'est pas facile à exprimer, mais je me sens moins lourde après l'avoir fait.

Harry Potter And The Deathly Hallows est tout simplement le livre de ma vie.

PS : J'avais écrit un autre article, il y a 2 ans, qui éclaire celui-ci, Virus LIV3




mercredi 18 juillet 2007

Pff

* retrouve pas mes résultats de l'Ens, apparemment vitaux pour entrer en M1 d'Histoire
* ai pas encore envoyé mon projet à Fassin pour l'Ehe*s
* ai pas réfléchi à un projet pour le M1 de philo, nécessaire pour avoir mon équivalence de Licence
* vais pas au cinéma comme je l'aurais voulu, et comme je fais depuis le bac
* suis fatiguée autant que pendant l'année de khâgne
* larmes de fatigue
* en ai marre de me déplacer à droite à gauche pour leur fac de cons
* travailler en restauration c'est l'arnaque du siècle
* voudrais juste lire HP6 sur un lit
* a fait moche les premières semaines de l'été
* administrations débiles me rendent dingues
* suis coincée sur Paris pendant un temps indéterminé

Est-ce trop demander d'avoir les SEULES et UNIQUES vacances de ma vie dont j'ai vraiment besoin ?




jeudi 5 juillet 2007

H - 1