mercredi 27 septembre 2006

La bonne étoile

En fait, ce titre est un mensonge. Je devrais dire "les bonnes étoiles". Toutes ces personnes au milieu desquelles j'évolue, et grâce à qui ma vie est un peu plus belle chaque jour.
Il suffisait d'ouvrir les yeux sur ce point lumineux.

Il y a une dizaine de jours, j'ai piqué une crise pendant le week-end. J'ai éteint mon téléphone toute la soirée du samedi, et j'avais le sentiment d'étouffer. Depuis quelques mois, environ la fin de l'an passé, je faisais un travail de ressassement de toute mon adolescence, en particulier les périodes difficiles à avaler. Et ce soir-là, tout est remonté à la surface, j'ai eu envie de vomir tout ce que je gardais enfoui en moi depuis des années.
Des trucs les plus futiles aux plus importants. Pourquoi les filles de mon collège ont continué à me prendre pour une demeurée au lycée, pourquoi A me détestait autant, pourquoi je n'ai pas deviné que S était un peu comme A [le ridicule des initiales].
Tout est revenu à fleur de peau, et je me sentais étouffer à l'intérieur de moi-même, prise dans la spirale du souvenir.

Puis j'ai eu le réflexe salvateur. Allumer MSN, "Camilla, ça va pas", rallumer mon portable, "Coline et Sarah, je veux vous voir demain".

Je suis sortie de moi-même, et une fois de nouveau rentrée dans ma peau, le changement était flagrant. Camilla m'a fait comprendre que je n'y pouvais rien si des personnes m'avaient fait du mal, que rejouer mentalement la situation sans fin ne les ferait pas changer. Sarah m'a assuré d'au moins une chose dans cet avenir inconnu qui me fait si peur, c'est qu'elles seraient là dans 10 ans. Et Coline, que j'ai bassinée avec mes "Je veux paaas vieilliiiir", m'a fait comprendre que ce n'était pas une tragédie, puisque chaque année qui passait était meilleure que la précédente.
Et je les ai crues. Je les ai crues, car elles disent la vérité, et ont trouvé des réponses à chacune de mes angoisses et interrogations.

Ca ne s'est bien sûr pas fait en un week-end, puisqu'il y a eu d'innombrables autres discussions avant et après celles-ci. De plus, je n'investis pas ces filles d'une toute-puissance magique, qui leur donnerait parole d'Evangile dès que j'ai un problème. J'ai moi-même appris à voir la vie autrement, par à-coups ou progressivement, mais il manquait le coup de collier final. Le coup de pied au cul qui m'a fait passer de l'autre côté du miroir.
Celui où présent et avenir comptent plus que le passé, celui où les épreuves ne sont plus des obstacles mais des défis, où une personne en moins n'est pas un vide mais une place laissée pour quelqu'un d'autre. Du verre à moitié vide, on passe au verre à moitié plein.

Je me souviens que je ne voulais pas partir au voyage d'intégration la semaine dernière. Je suis partie à la gare de Lyon à reculons mardi matin, mais suis revenue jeudi soir la tête pleine de souvenirs et d'échos de nos fous rires. C'était la première fois que l'alcool ne me faisait pas bad-tripper du tout. En tout cas la première fois après l'année difficile que j'ai passée, à me battre contre moi-même.

Mes 19 ans, la 20e année de ma vie. Ils s'annoncent mieux que les 18. Je m'assouplis de jour en jour, je me plie au contour des autres, sans pour autant les laisser empiéter sur mon espace vital (cf le Coline's way of life). J'étais à des années-lumière de penser qu'un jour, je pourrais y croire, mais je commence à me laisser vivre, à prendre les choses comme elles viennent.
Je serais injuste de ne pas en rendre grâce à mes autres amies, ni à tous ceux qui ne le savent pas mais me rendent plus forte par la confiance qu'ils m'accordent. Toute liste serait inutile, mais elles sont nombreuses les personnes qui m'ont récemment montré un attachement réel, même s'il doit être de courte durée.
Il en restera forcément dans 10 ans, et le lien sera tellement plus fort tellement plus beau. Je crois que j'ai hâte de vivre, si c'est pour vivre avec ces personnes.

Et puis évidemment, la bonne étoile, depuis deux semaines, c'est un peu mon copain. Là encore, je ne sais pas combien de temps ça durera, mais je crois que je ne me suis jamais autant fichu de savoir si ça durerait. J'y pense forcément, mais la réponse est invariablement la même "pour l'instant, on est bien comme ça".
Toujours la preuve de mon assouplissement. Je ne me formalise même pas de ses zones d'ombre, lui que je pourrais qualifier d'étoile mystérieuse. Au fond, j'ai mes zones d'ombre aussi.

Mais pour l'instant, j'ai surtout beaucoup d'étoiles.

[ Bande Son ]




dimanche 24 septembre 2006

L'adoration des corps

..L'infini roulé blanc de ta nuque à tes reins..
La force de l'étreinte en douceur de tes mains




Il s'agit maintenant de vivre au présent.




mardi 12 septembre 2006

I survived

J'ai même plus que survécu : je viens presque de renaître, après 3 ans et demi à tourner en rond. 3 ans et demi durant lesquels je me suis cassé les dents sur la gent masculine, à n'y rien comprendre, et à ne jamais rien oser. Sans compter le millefeuille de problèmes familiaux, ou encore l'épreuve morale et physique de la prépa.
Il a fallu 10 jours, j'ai envie de dire 3 heures, pour me sentir soulagée de tout.

Vendredi 1e septembre, je fais sa connaissance, et lui tourne le dos pour parler à Maëlle. (si si)
Samedi 9 septembre, je suis invitée à sa pendaison de crémaillère over-VIP (6 personnes, dont moi).
Lundi 11 septembre, 18h20, nous rentrons dans le Starbucks d'Odéon pour bavarder.
Lundi 11 septembre, 21h20, nous ressortons du Starbucks main dans la main.
Mardi 12 septembre, 00h20, il me raccompagne de chez lui au Rer.

Je ne sais pas ce qui s'est passé ce soir. Je pense que je pourrai y repenser longtemps, retourner la soirée dans tous les sens, mais le mystère demeurera complet. Quelque chose m'a échappé, mais qui n'a pas échappé à mon système lacrymal.

Les protagonistes sont les suivants : Sarah, ma jolie chérie ; Madieu, le chiwi de Sarah ; Frédéric-ami-de-Madieu, le charmant conducteur de la DS le week-end avant la rentrée. (Et Coline, à qui on raconte tout -même en retard !- en détails, of course). Sarah est la marionnettiste, bien qu'elle refuse de me répéter ce qu'elle a vraiment raconté à Fred sur moi. Madieu n'est qu'observateur, mais celui par qui la rencontre se fait. Fred demande mon numéro à Sarah le lendemain de sa crémaillère. Coline hystérise. Moi je réponds aux textos du lundi matin. Et Fred suggère que l'on se revoit le jour-même, c'est-à-dire tout à l'heure.

Si ça n'est pas clair, c'est tout à fait normal : ça ne l'est pas pour moi non plus.

C'était la soirée la plus étrange de ma vie. Même si un jour je vis une rencontre du 3e type, ça ne pourra jamais être aussi étrange que cette soirée. J'ai parlé avec quelqu'un que je connais depuis 10 jours, comme si je le connaissais depuis 10 ans. On s'est enlacés (suite censurée) comme si on ne voulait plus jamais se quitter. Accessoirement, en le prenant dans mes bras la première fois au café, je me suis dit "Je le lâche plus", et lui m'a dit chez lui.. hinhin :)
Et chez lui, j'ai pleuré. J'ai pleuré comme une idiote, j'ai pleuré dans ses bras. J'ai pleuré, parce que j'ai eu l'impression qu'on m'enlevait tout à coup un poids immense, celui de l'angoisse et de l'échec. Un fardeau qui devenait lourd, en particulier depuis un an. En quelques mots, en quelques étreintes, tous les S, J, ou autres T, ont été renvoyés aux calendes grecques.
Il n'y avait plus que lui, moi et la musique dans son studio minuscule.

Au café, j'ai eu beau jouer l'autiste qui contemple ses ongles, du style "bon on fait quoi maintenant", je savais très clairement où tout ça pouvait aller. Je n'avais juste pas envisagé que le moment serait si proche, où je me sentirai de nouveau calme et tranquille. Un ciel de sentiments m'est simplement tombé sur la tête. Et au risque de passer pour la dernière des niaises : j'avais oublié ce que ça pouvait faire de se sentir aimée.
Même si cela doit durer 2 jours, même si je me rétracte dans une semaine tellement j'ai peur, même si la fin de cette histoire doit me faire cracher mes intestins, il y a une chose impossible à m'enlever : j'ai passé le moment le plus mystérieux et le plus beau qui m'ait été donné de vivre jusque là.

J'entends encore sa voix.




dimanche 10 septembre 2006

I will survive

(spéciale dédicace, comme on dit)

At first I was afraid, I was petrified
Kept thinking I could never live
Without you by my side
But then I spent so many nights
Thinking how you did me wrong
And I grew strong
And I learned how to get along

And so you're back from outer space
I just walked in to find you here
With that sad look upon your face
I should have changed that stupid lock
I should have made you leave your key
If I had known for just one second
You'd be back to bother me

Walk out now, walk out the door
Just turn around now
Cause you're not welcome anymore
Weren't you the one who tried to hurt me with goodbye
Did you think I'd crumble
Did you think I'd lay down and die
Oh no, not I, I will survive
Oh as long as I know how to love
I know I'm still alive
I've got all my life to live
I've got all my love to give
And I'll survive
I will survive

It took all the strength I had not to fall apart
Kept trying hard to mend the pieces of my broken heart
And I spent oh so many nights
Just feeling sorry for myself
I used to cry
But now I hold my head up high

And you see me, somebody new
I'm not that chained up little person still in love with you
And so you felt like dropping in
And just expect me to be free
But now I'm saving all my loving
For someone who's loving me

Go on now, go, walk out the door
Just turn around now
Cause you're not welcome anymore
Weren't you the one who tried to break me with goodbye
Did you think I'd crumble
Did you think I'd lay down and die
Oh no, not I, I will survive
Oh as long as I know how to love
I know I'm still alive
I've got all my life to live
I've got all my love to give
And I'll survive
I will survive

Gloria Gaynor, I will survive

[ Bande Son ]




lundi 4 septembre 2006

KH bis

Retour au bercail pour cette nouvelle khâgne. L'horizon du concours en plus.
26 élèves, contre 55 l'an passé à F.

Ca fait du bien de revenir, même au prix d'un volume horaire de travail sans comparaison avec l'an passé.




dimanche 3 septembre 2006

Et vous me faites tourner la tête

Ca a commencé par un demi-tour au niveau de Bondy. En fait non, ça a commencé par un gâteau acheté après un tour dans mon centre-ville. En réalité, ça a débuté il y a un an quand Harry-Matthieu rencontra Sally-Sarah (on a les références qu'on peut) en salle 301 à JJ (bucolique). C'est comme ça que je me suis retrouvée à l'anniversaire des 20 ans de Madieu.

Prenez une poignée de djeunz ("jeunesse oisive" dixit Coline), une grande maison avec grande piscine et grand jardin, et comme prétexte les 20 ans de Madieu. Agitez, et vous obtiendrez sans peine la meilleure façon de finir en beauté les vacances. Si vous considérez de plus que quelques-uns de vos meilleurs amis étaient présents, on comprend facilement qu'un séjour 3j/2n n'était pas suffisant.
Pour changer (n'est-ce-pas Sarah ?), j'étais parmi les derniers à partir, malgré mon intention de rentrer hier soir. Et si je ne m'étais pas souvenu que ma rentrée est demain, rien ne m'aurait choqué tout à l'heure dans la proposition de Sarah "Tu viens dormir à la maison ce soir ? Maintenant qu'on est toutes les 3 en vacances.."

Au commencement était la tarte aux pommes, achetée par Maëlle et moi (Madieu "Marine, il était bon le gâteau hier, c'est toi qui l'as fait ?" Moi, naïvement "Non non, on l'a acheté avec Maëlle" Madieu inquisiteur "Marine.. C'est toi qui l'as fait ?" Moi, toujours naïve "Non non, on l'a acheté !" Intervention de Nicolas "Réponds oui !" Moi comprenant "Aaaah oui ! Bien sûr je l'ai fait !"), et que nous nous sommes traîné dans le métro, avec nos sacs de trekkeuse. A la fin était la DS, dans laquelle je me suis faite raccompagner par deux amis de Madieu (Sarah "Mais ça serait plus rapide que vous preniez Marine dans votre voiture !" j'aime ce genre de remarques providentielles).
Entre les deux, j'ai bu (un peu -un peu !), j'ai ri (beaucoup), j'ai parlé/crié/chanté/conciliabulé (énormément), n'en déplaise à ceux qui seraient tentés de faire le classement inverse de mes occupations héhé.

Même en ayant montré à Sarah que je pouvais détester des gens, je dois me résoudre à être le type Oh-un-nouvel-être-humain-!-Trop-bien-! qu'elle se plait à décrire à propos de moi, et qui me correspond finalement plutôt bien. Je pouvais bien me cacher derrière Maëlle au début, prétextant "trop de gens" (et surtout pour le plaisir de dire "comme Germain"), très vite je me suis pliée aux contours de ceux que je ne connaissais pas ou peu.
Les données du problème de base étaient : les amis (et frères) de Madieu que je ne connaissais pas du tout, et ceux que je connaissais un peu car ils étaient en khâgne à JJ (nouveaux ou anciens), mais sans l'habitude de les fréquenter plus d'une soirée d'affilée.

J'ai certes eu 3h de moins que les autres pour faire connaissance, étant donné le demi-tour mémorable de Madieu ("MERDE ! LA VIANDE !"), il n'empêche que.
Du baby-foot à la piscine, au jardin d'Eden (mirabelles, framboises, pommes, figues, prunes), en passant par les pokers interminables, les discussions, interminables aussi, et les barbecue, j'ai un peu découvert chacun de ceux qui me paraissaient étrangers. Ce n'était en réalité pas si compliqué : pour ceux de JJ, il suffisait d'emboîter le pas aux filles qui les connaissaient très bien ; quant aux amis plus vieux de Madieu, il a suffi de coller Sarah pour aller leur parler.
Je n'ai pas tellement envie de m'étaler sur le contenu (parfois dossier, parfois délicat, parfois clashant) des conversations, mais ça m'a fait du bien. J'ai eu un faible pour Sarah, à 3h du mat' qui lance un sujet qu'elle sait parfaitement sans fin : parler politique avec les vieux amis de Madieu, capitalistes de droite, quand elle est communiste LCR. Nos mondes sont tellement différents qu'il était évidemment impossible de tomber d'accord sur les 3/4 des idées. Même si j'ai trouvé le moyen de lâcher Sarah sur quelques points où certains arguments adverses me parlaient plutôt bien.

Ca ne m'a pas empêchée de répondre "à gauche, toujours à gauche", quand l'heureux conducteur de la DS m'a demandé où j'habitais.