Je suis une emmerdeuse.

C'est un fait admis, sur lequel certaines personnes se cassent les dents. Parler mon langage est un art difficile, et je me fais parfois une joie d'être incompréhensible. Mais, occasionnellement, quelqu'un va m'attraper par le col et parler un dialecte proche du mien.
Encore plus rarement, ce quelqu'un va être prof et va me transformer.

"J'ai deux idoles : PM et PM", et les deux sont des génies, ai-je dit en substance ces derniers jours. "Je les suivrai au bout du monde". Car lorsque j'aime, ce n'est jamais à moitié, à l'image de la façon dont eux-mêmes se donnent.
Ils donnent tout dans leur enseignement, se mettent même en danger. Mais PM et PM jouent malicieusement avec l'idée que leur transmission nous donne une prise sur eux, et se connaissent bien, si bien, jusqu'au fond des tripes, qu'au final, c'est eux qui ont prise sur le fonctionnement de leurs élèves.

Et c'est là qu'ils m'ont accrochée. On pourra parler de la part de séduction, quelle qu'en soit la nature, qui existe dans toute relation entre deux sujets. Moi, je n'ai rien vu venir concernant ces deux-là, rien de cette intensité. Comme toujours, je me suis comportée comme toujours : imprévisible et illisible.
Enfin c'est ce que je croyais.

En réalité, leur show est bien rôdé. Comme je disais, chacun se dévoile à travers son enseignement et sort le grand jeu pour séduire ses élèves : c'est l'ultime ruse, le coup vicelard où je me suis fait prendre. Sans m'en rendre compte, je leur ai filé les clés de la maison, et avec le sourire s'il vous plaît.
Oui, ça n'a pas raté, je suis tombée amoureuse des deux. Ils m'ont susurré ce que je voulais entendre plus que tout... mais aussi et surtout ce que je ne voulais pas. Je sais qu'ils savaient ce qu'ils faisaient. Je suis sûre qu'ils le savaient. Inconsciemment, je devais leur crier "Dites-moi tout".
C'est bien là le coeur de leur légitimité et de leurs prérogatives sur ma personne : ils m'ont tout dit. J'ai tout écouté.

PM et PM sont de la race de ceux qui ont personnellement à coeur de transformer ceux qui passent entre leurs mains, et aiment imprimer leur marque sur leurs oeuvres.
Moi, j'avais besoin qu'on me modèle. J'ai toujours besoin de me sentir comprise et entourée, dans le but qu'on fasse quelque chose de moi. J'aime qu'on exige de moi, et ils ont tous deux été exigeants, si exigeants, que j'ai désiré être à la hauteur. Leur approbation a constitué et constitue toujours un de mes plus grands moteurs.

Entre leurs mains, je ne suis plus une emmerdeuse.

La figure paternelle plane au-dessus de ces profs. Le modèle ultime du prof est le tout premier de ma vie : celui qui m'a appris à lire. Sans lui, il est probable que ma grande histoire d'amour avec les profs n'ait jamais existé.
C'est à ça qu'on reconnaît les vraies histoires d'amour : elles donnent envie d'en vivre d'autres.