mardi 30 novembre 2010
30/11/2010
00:27
Par Kalleidoscope
Blog
Under your spell
Je me souviens, au collège, de la seule personne devant qui j'ai jamais enlevé mon chapeau (pour reprendre la chanson de Brassens). Elle est la première avatar d'une série qui continue jusqu'à aujourd'hui, alors qu'elle est peut-être elle-même moulée sur un souvenir inconscient.
Elle voulait devenir vétérinaire, ce qui était mon projet depuis environ mes 4 ans. C'est ce qui nous a rassemblées au début : on projetait de partir en Belgique ensemble pour les écoles sans concours.
Elle était fan de Buffy et j'ai tout regardé pour elle. J'ai rejoint le groupe des fans de Buffy, dont chacune s'attribuait un personnage, et j'ai même rejoint le fan-club officiel français. Elle adorait le couple Tara-Willow, évidemment.
Elle était fan des Offspring et j'ai écouté leurs chansons pour elle. Je connaissais sa chanson préférée par coeur, et je peux encore dire qu'il s'agit de "Want you bad". Je me souviens de nous deux assises sur son lit à regarder le livret de l'album et commenter les dessins.
Elle s'était fait une coloration rouge et je l'avais suivie chez le coiffeur le soir où elle devait y aller. Je n'avais pas prévenu mes parents que je ne rentrerais pas après les cours, et c'est la mère de Charlotte qui l'avait fait pour moi en me découvrant chez elle avec surprise. Je m'étais mis en tête de faire une coloration rouge moi aussi.
Elle respirait la fragilité et je voulais être partout derrière elle pour lui servir de parade. J'aimais sa sensibilité et par-dessus tout le fait qu'elle cherche à la cacher. A côté d'elle, je n'étais qu'une grosse brute épaisse et sans tact (ça n'a pas beaucoup changé depuis).
Elle marchait et je voulais marcher à côté d'elle. Elle dormait et je voulais dormir à côté d'elle. Elle respirait et je voulais respirer son air. Elle seule avait le droit d'entrer en contact physique avec moi.
A défaut de plus, combien de soirs ai-je dormi avec sa lettre sous mon oreiller ? Une lettre de trois pages, pleine de blagues, de partage d'impressions sur le métier de vétérinaire, d'anecdotes. Une lettre pleine de sa vie, à laquelle il ne manquait plus que le parfum. Mais non, Charlotte n'était pas comme ça, she knew better. Elle ne ressemblait pas aux autres filles. Elle ne se maquillait pas. Elle ne lisait pas les magazines pour pouffettes écervelées. Elle ne courait pas après les garçons.
Je l'ai reconnue, elle était comme moi. Elle est la première personne, et peut-être la seule, que je ne cherchais pas à impressionner, jamais. Le combat ne m'aurait pas apporté autant de délices. Je prenais un plaisir particulier à la laisser passer devant, à la laisser parler sans me demander si elle avait raison ou tort. Elle n'avait qu'à apparaître, telle une reine.
Elle fut la première et, malgré tous mes efforts, je crois bien qu'elle était la dernière.
Elle voulait devenir vétérinaire, ce qui était mon projet depuis environ mes 4 ans. C'est ce qui nous a rassemblées au début : on projetait de partir en Belgique ensemble pour les écoles sans concours.
Elle était fan de Buffy et j'ai tout regardé pour elle. J'ai rejoint le groupe des fans de Buffy, dont chacune s'attribuait un personnage, et j'ai même rejoint le fan-club officiel français. Elle adorait le couple Tara-Willow, évidemment.
Elle était fan des Offspring et j'ai écouté leurs chansons pour elle. Je connaissais sa chanson préférée par coeur, et je peux encore dire qu'il s'agit de "Want you bad". Je me souviens de nous deux assises sur son lit à regarder le livret de l'album et commenter les dessins.
Elle s'était fait une coloration rouge et je l'avais suivie chez le coiffeur le soir où elle devait y aller. Je n'avais pas prévenu mes parents que je ne rentrerais pas après les cours, et c'est la mère de Charlotte qui l'avait fait pour moi en me découvrant chez elle avec surprise. Je m'étais mis en tête de faire une coloration rouge moi aussi.
Elle respirait la fragilité et je voulais être partout derrière elle pour lui servir de parade. J'aimais sa sensibilité et par-dessus tout le fait qu'elle cherche à la cacher. A côté d'elle, je n'étais qu'une grosse brute épaisse et sans tact (ça n'a pas beaucoup changé depuis).
Elle marchait et je voulais marcher à côté d'elle. Elle dormait et je voulais dormir à côté d'elle. Elle respirait et je voulais respirer son air. Elle seule avait le droit d'entrer en contact physique avec moi.
A défaut de plus, combien de soirs ai-je dormi avec sa lettre sous mon oreiller ? Une lettre de trois pages, pleine de blagues, de partage d'impressions sur le métier de vétérinaire, d'anecdotes. Une lettre pleine de sa vie, à laquelle il ne manquait plus que le parfum. Mais non, Charlotte n'était pas comme ça, she knew better. Elle ne ressemblait pas aux autres filles. Elle ne se maquillait pas. Elle ne lisait pas les magazines pour pouffettes écervelées. Elle ne courait pas après les garçons.
Je l'ai reconnue, elle était comme moi. Elle est la première personne, et peut-être la seule, que je ne cherchais pas à impressionner, jamais. Le combat ne m'aurait pas apporté autant de délices. Je prenais un plaisir particulier à la laisser passer devant, à la laisser parler sans me demander si elle avait raison ou tort. Elle n'avait qu'à apparaître, telle une reine.
Elle fut la première et, malgré tous mes efforts, je crois bien qu'elle était la dernière.