Je suis devenue reine en mon royaume, avec toutes les conséquences que cela implique. J'ai passé plusieurs articles à expliquer comment je me sentais maîtresse de mes décisions, et plus encore comment cela-même rendait chaque décision la plus parfaite possible pour moi. Globalement, je crois que l'immense bordel des, disons, douze derniers mois a trouvé une fin, une vraie. Le vrai signe à mes yeux en est que j'ai arrêté d'envisager mille métiers aux antipodes les uns des autres. J'ai posé mes valises sur un projet, le seul qui me permettra de réaliser ce qui est vissé à mon coeur encore plus fort que la vie : vivre aux Etats-Unis. Peu importent les détours et les longueurs, car j'ai de la patience. Mais cet éclaircissement autour de moi n'est pas allé sans inconvénients. Certes, je sais à présent où je mets les pieds après des mois à ne même pas avoir eu envie de mettre un pied devant l'autre. Le problème, à présent, s'est transformé : j'ai progressivement reconnecté avec le fond du fond des douleurs.

C'est le retour à la maison - dans toute son ambivalence.

J'ai passé les vacances avec mes parents, ô salut. Cela m'a permis une forme d'insouciance qui continue jusqu'à aujourd'hui, sous la forme du soutien moral sans failles de mes parents. D'un autre côté, ça m'a rappelé pourquoi j'avais décidé d'habiter seule. J'ai aussi retrouvé, même si seulement dans ma tête pour certaines, toute une partie des personnes qui m'ont faite telle que je suis aujourd'hui (qu'elles le sachent ou non d'ailleurs). Moi qui ai tendance à brûler les ponts derrière moi, j'ai au contraire fait le chemin à l'envers... pour le meilleur et pour le pire. L'important était de savoir que je suis une. Mais les douleurs en ont profité pour se redévoiler, après le bordel qui les avait masquées. Elles m'ont fait, et me font encore, pousser des cris muets, à m'en percer les tympans si j'ouvrais la bouche.
Bam pif pouf, le boomerang du passage à l'âge adulte que j'avais envoyé bouler m'est revenu en pleine figure avec l'entrée dans la vie active et la machine à mouliner qu'est "le monde du travail".
Bang bang, j'ai compté que la même personne était quasiment au centre de mes pensées et de mes sentiments depuis quatre ans et demi. My baby shot me down.
Si je n'étais pas devenue reine en mon royaume, je n'aurais peut-être pas été consciente que ces douleurs étaient là et qu'elles étaient miennes. "Miennes", le mot terrible, le mot magique [l'un parce que l'autre]. Evidemment, je ne regrette rien.

Home, c'est ce lieu au fond de moi qui résiste à tous les tremblements et assauts extérieurs. Home, c'est en ce lieu que vivent déjà les douleurs - bien à l'intérieur.


PS : les deux excellentes chansons à l'origine de ce post : Day into night (Katalyst) et Home is where it hurts (Camille)