Entre mes mains, je tiens du vent. Comme une poignée de sable s'échappant par tous les interstices, ce que je cherche à saisir se fait difficile à retenir. Je trouve plus facilement le courage de me dire "tant pis" que le courage de m'accrocher.
La seule fois où je me suis accrochée, je me suis usée en efforts vains et contre-productifs. Le courage de recommencer ? Pas ma spécialité. J'ai beau me creuser, je ne suis même pas sûre d'avoir envie de lever le moindre petit doigt. C'est bien trop fatigant de construire une relation.
Je préfère regarder le sable filer entre mes doigts. C'est simple, c'est reposant, c'est lâche. La lâcheté est le concept parfait. Il incarne la peur, la non-action, et tout le contraire de ce qui est nécessaire, si l'on veut être deux.
Je n'ai cependant pas peur de dire que je suis lâche. Quel autre mot pourrais-je utiliser ? Aucun. A part une fois, je n'ai jamais levé le petit doigt pour me montrer et dire ce que je voulais, leur peau, leur esprit, leurs sourires rien que pour moi, leur peau encore. Ce n'est même pas faute d'avoir voulu, parce que je veux. Il n'y a pas de problème pour ça, simplement je veux ma tranquillité par-dessus tout.
Dans la balance ennuis potentiels/bénéfices potentiels, je crains bien que les premiers ne l'emportent. C'est ainsi que je vis, car tout le reste de mon énergie est investi ailleurs, que cela soient les études, la famille ou les amis. Etre "moi" est déjà un job à plein temps, être la "elle" de quelqu'un ne rentre pas dans mes compétences. Et pas question de m'ennuyer à essayer, sauf si on me l'apportait sur un plateau, peut-être.
La fatigue emporte tout, pendant que j'emporterai dans ma tombe une liste des prénoms qui auraient pu devenir... mais qui n'ont jamais su les grands projets que j'avais pour eux et moi.
De la fatigue et du vent comme moteur. Un ambitieux plan de vie.
[ Bande Son ]