mardi 14 février 2017

La belle personne

On passe souvent sa vie à chercher quelque chose, en tout cas j’ai cru le remarquer chez les personnes que j’aime, et à qui je fais attention. Cela peut être un travail, une personne, un sentiment, un endroit. J’ai parfois l’impression que cette recherche rend certaines personnes malheureuses, parfois c’est cette quête qui tient debout. Parfois on ne cherche rien d’autre qu’à rester en vie. De mon côté, j’ai cherché avec obsession de compter suffisamment pour quelqu’un que cela me donnerait l’impression de compter dans l’absolu. C’est vrai, c’est une recherche autocentrée. C’est ce qui me donne envie de vivre et de me réveiller le matin. Je pensais, j’ai longtemps cru que je pourrais trouver cela chez une femme. J’ai pris conscience, j’ai formulé seulement il y a quelques minutes, en me brossant les dents. La triste banalité de certains moments est affligeante. En me brossant les dents, j’ai réalisé que ce que je cherchais chez une femme, je l’ai trouvé chez Sebastian. Ce que je croyais réservée aux relations entre femmes, de façon naïve sûrement, ce que je pensais féminin, je l’ai trouvé chez un « il » : être traitée d’égale à égale, être prise comme je suis sans chercher une femme idéale que je trouvais trop lourde à porter. Mes qualités et mes défauts réels, dans ma pleine humanité, et non parce que j’étais une femme. Parce que je suis moi. La belle personne, bien sûr c’est lui.




lundi 13 février 2017

A présent

Il y a environ dix ans, les équilibres étaient précaires. Toutes les gouttes auraient pu faire déborder le vase, et toutes les gouttes ont fait déborder le vase. Tout était à fleur de peau. Les années qui ont suivi ont consisté à reconstituer les trous dans la peau que je m’étais faits, ou que d’autres m’avaient faits. Je me souviens des heures à pleurer et à sentir le sol se dérober sous mes pas quand il me faisait comprendre que nous ne pouvions plus être ensemble, mais qu’il fallait que nous soyons ensemble pour qu’il puisse me le faire comprendre. Les contradictions à n’en plus pouvoir me déchiraient. J’ai passé tellement de temps à faire émerger quelqu’un de bien de toutes ces chutes. Il y a environ dix ans, j’ai fait la plus grande chute, je suis retombée souvent après, j’ai parfois cru que les trous dans la peau étaient définitifs. Ils le sont peut-être un peu quelque part, cachés sous la peau qui a repoussé. Ce temps me paraît à la fois loin et si proche, juste là sous la peau. Je sais que c’est les deux à la fois. Ce sont ces chutes qui m’ont modelée. La personne qui m’aime à présent aime tous ces trous dans la peau, à travers la peau qui a repoussé. Je suis une.