Paraît que sur un blog on peut parler de ce qu’on veut, et généralement on parle de soi, de ce qu’on a, de ce qu’on est est blabla. Je trouve ça génial comme concept. Moi, je n’en ai pas, de blog. Et Marine elle est en panne de blog, alors jme suis dit : elle, elle peut pas, moi je veux, et Nicolas, il a déjà, alors, je peux ?

Je peux. Je peux donc raconter ce que je veux, c’est géant ! Ca me grise, tu peux pas savoir. Alors…je vais te parler de Ma Marine. Oui, oui, j’en ai une. Même, le plus souvent, j’en suis fière. Des fois, j’ai honte d’en être fière.

Ma Marine, si tu la vois, tu peux pas la rater, et si tu ne la vois pas, tu l’entends et si tu ne la vois pas et que tu ne l’entends pas, ben c’est qu’elle n’est pas là.
Ma Marine a des pouvoirs. Si tu veux, je te dis. Tu veux pas ? Je te dis quand même. Ben oui, c’est ça, le blog.
Ma Marine, ben elle se dédouble. Ouais. Elle bouge tellement vite que ça te fait le truc dans ton œil, la persistance rétinienne que le prof de SVT il t’a expliqué en 1ère L. T’écoutais pas ? Bah c’est la persistance rétinienne. C’est quand quelque chose (là c’est ma Marine) bouge tellement vite que tu la vois ailleurs, mais ton œil la voit encore à l’endroit où elle était avant. C’est comme ça que tu peux voir six Marine d’affilée, qui font des mouvements bizarres (elle fait ça, aussi). Ca fait bizarre, moi je te le dis. Et on ne s’y habitue jamais.
Ma Marine, en fait, quand j’y réfléchis, elle est aussi une. Elle est entière, elle est elle-même et elle est bien arrêtée sur ce qu’elle dit et sur ce qu’elle pense.
Ma Marine, tu vois, avant de la rencontrer, ben t’aurais jamais cru qu’on pouvait parler autant. Même ta mamie quand elle te raconte sa visite chez le médecin et le voisin qui laisse crotter son chien devant chez elle, c’est de la gnognotte à côté. Tu ne peux même pas savoir si elle a une bouche parce qu’elle est jamais fermée. Avant de rencontrer ma Marine, j’aurais jamais cru que chaque chose comportait un tel potentiel de mot. Tu sais quoi ? Ben si, un jour, en revenant d’un endroit où tu avais crié ta colère et ta rage du gouvernement, les genoux fourbis et les pieds trempés, quelqu’un (Ma Marine) t’avait lu à HAUTE voix TOUT ce qui était écrit dans la rue, qu’est-ce que t’aurais fait ? T’aurais pété un câble, comme on dit. Elle a fait ça, si, si, tout, les panneaux, les enseignes, les plaques minéralogiques, les publicités, les graffitis, tout, je te dis. Souvenir douloureux.
Finalement, Ma Marine, elle parle pas beaucoup. Quand elle veut dire quelque chose qui s’approche de ce qu’elle ressent dans son cœur à elle, ça devient noir, obscur et toi tu dois te concentrer à mort pour essayer de comprendre le quart de la moitié de ce qu’elle (ne) veut (pas) dire. Des fois, je me dis, peut-être, même elle, elle sait pas ? Quand Ma Marine se tait, c’est le moment de l’écouter.
Ma Marine parle beaucoup, donc, mais elle a aussi une autre option extraordinaire : elle fait des sons. Oui. Des sons que jamais t’aurais imaginé qu’on puisse en produire autant aussi diversifiés. Elle crie aigu bref, elle grogne sourd, elle hurle soprano continu, elle murmure sporadique, elle geint émouvant, elle piaille fatiguant, elle ronchonne amusant, elle ronronne mignon, elle soupire agaçant jusqu’à ce que TU meures. Parce que tu en meurs, souvent. Le seul qui en meurt pas, c’est mon copain ( parce que j’ai aussi un copain) parce qu’il a découvert que quand tu la chatouilles à des endroits différents, ça fait autant de bruits différents. Ils s’amusent. Nous mourons.
Ma Marine fait le silence le plus bruyant du monde, dans des moments d’extase et de recueillement, et dans des moments de douleur très très grande, genre comme quand tu t’étais cassé la jambe l’hiver dernier. Le bruit de son silence, ben tu en meurs aussi, mais différemment.
Ma Marine, ben elle sait ce qu’elle veut, si toi tu veux pas la même chose qu’elle, ben c’est tant pis, elle te brame aux oreilles (jusqu’à ce que tu meures, si tu as suivi). Elle sait ce qu’elle veut et ce qu’elle veut pas, et elle préfèrerait mourir plutôt que de te laisser partir sans que tu aies parfaitement compris pourquoi elle le veut, et surtout, pourquoi elle a raison.
Ma Marine, elle ne sait pas ce qu’elle veut, elle veut tout, mais même pour elle, c’est pas possible, alors elle sait pas, elle hésite, elle réfléchit, elle décide, elle recule, elle questionne, elle conseille, elle retourne, elle se mord les lèvres, ouvre les deux mains et finit par prendre les deux options toutes entières.
Tu as de la chance, toi, misérable vermisseau, Ma Marine, elle aime tout le monde. Ton père, ton facteur, ta patronne, ton chien, ton bonnet rose et ton bouquet de fleurs, et toi même quand tu seras devenu handicapé et tout vert.
Ma Marine, en vrai, elle n’aime que moi. (Si t’es pas content, t’as pas qu’à lire ce blog, après tout on m’a dit, t’écris ce que tu veux).
Ma Marine, ben elle est jamais disponible. Elle va venir, hein, mais après le coiffeur, tu comprends ? Avant le coiffeur, faut juste qu’elle aille donner des cours, suivre son double master, aller quatre fois voir la même pièce de théâtre, manger quatorze mille chocolats, traverser l’Ile de France pour un concert, crier sur sa mère, aller à quelques fêtes, acheter quelques cadeaux, faire quelques blocages, voir soixante millions d’amis. Elle arrive, je te dis.
Ma Marine, c’est super facile de lui faire annuler des milliers de rendez-vous, quand tu la connais. Comme je suis sympa je te donne quelques trucs. Tu lui dis que tu as des chocolats/ du Nutella/ Marie-Aude Murail/ Tryo / des hamsters/que tu veux juste la voir. Tous ces trucs-là, ça marche.
Ma Marine, ben, ce qu’elle râle ! Si tu fumes, si tu votes à droite, si tu n’aimes pas la philo, dis des choses sur les gens qu’elle aime, dis que l’école c’est de la merde, que Maz est un con, que Louise Attaque, c’est pourri… allez j’en dis pas plus. Teste un de ceux-là, recule-toi dans un coin avec des pop-corn, et regarde. Mieux que le cinéma. Satisfait ou remboursé, j’en réponds.
Ma Marine, elle te fait comprendre le sens du mot « content ». Au début, toi pas comprendre cris aigus/mouvements de bras/danse de la pluie ou du chapeau. Après tu sais (mais tu regardes ailleurs d’un air embarrassé).

Quand même, c’est pas juste. C’est même de l’arnaque, je dirais. Parce que quand on m’a dit que je pourrais parler de moi, j’ai cru que je pourrais être égoïste. Alors que là, je te donne tous les tuyaux. Le fruit de plus de trois ans de réflexion, de prises de notes, d’interrogations, d’observations intenses, de plans caralambiqués. Bah tant pis.
Dis, tu devines la fin ? Ma Marine, je l’aime.

Merci à vous, lecteurs de m’avoir permis d’écrire ce long post bourré de parenthèses, de fautes de français et d’orthographe, de « quelque chose » et de « trucs ». Quel bonheur !
Merci à la propriétaire de ce blog, qui a, je l’espère, su désormais trouver un autre espace de parole. Ce blog enfin quasi-inactif est la plus belle preuve de ce qu’elle est en train de vivre. Merci Ma Marine. Tu es NonPareille.