dimanche 29 novembre 2015
29/11/2015
23:43
Par Kalleidoscope
Blog
Retour vers le futur
Depuis le 11 septembre 2001, je savais comme tout le monde que des attentats finiraient, d'une manière ou d'une autre, par tuer des personnes en France. Mais comme tout le monde, je ne savais pas quand. La menace restait abstraite, dans un coin de la tête. Un peu comme ces maladies mortelles qui ne peuvent toucher que "les autres", ceux qui sont loin, ceux qui ne sont pas nous, ceux qu'on n'aime pas.
Et puis un jour, l'abstraction apparaît pour ce qu'elle est : bullshit. La chose la plus tangible, la plus réelle, devient la peur, parce que la prise de conscience tombe sur la tête, et c'est comme si un flux glacial s'était répandu sur moi de la tête au pied.
Un ami est mort du cancer, putain de bordel, c'est tellement pas possible de prononcer ces mots à même pas 30 ans. J'ai coché tous les "Et si" que l'on peut se dire dans de tels moments, en secouant la tête d'impuissance pour essayer de les effacer. Puis l'abstraction qui planait depuis le 11 septembre 2001 s'est soudain concrétisée dans la foulée. Vu les endroits touchés par les attentats, c'est toutes les personnes que j'aime, quasiment sans exception, qui auraient pu se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. Sans chercher très loin, juste au second degré de relation, je ne compte pas le nombre de personnes dont on m'a dit qu'elles étaient, ce soir-là, au mauvais endroit au mauvais moment. J'ai (eu) une peur globale. Elle ne visait pas un groupe de personnes en particulier, ou un ami, ou une cousine, elle visait l'ensemble de mon répertoire mental de connaissances, passées et présentes.
Et ça provoque un bordel dans la frise chrono-logique de ma vie. J'ai expérimenté le traditionnel éloignement des amies, même de celles les plus proches, accompagné de sa traditionnelle amertume, et me suis fait violence pour n'y voir qu'un effet sordide, mais sommes toutes attendu, du temps qui passe. Mais en une semaine, j'ai renoué avec 3 de ces amies si proches et si loin, et c'est comme si le choc de cette peur avait cassé la chronologie, comme si le temps lui-même en avait perdu son sens.
Oui, j'ai pensé à vous dans ma peur, si proches et si loin. Oui, tout a changé durablement, et je n'ai même pas peur de l'affirmer. Tout a changé, tout. Moi, tellement accrochée d'ordinaire à mes rancunes, vivant à travers mes rancœurs et mes non-dits, d'un coup tout a fait "pschhht".
Comme le dit cette image qui a circulé dans les heures suivant les attentats, il va falloir beaucoup, beaucoup, beaucoup d'amour. Je crois que le fait d'avoir renoué est notre petite contribution à cette vaste entreprise.
Et puis un jour, l'abstraction apparaît pour ce qu'elle est : bullshit. La chose la plus tangible, la plus réelle, devient la peur, parce que la prise de conscience tombe sur la tête, et c'est comme si un flux glacial s'était répandu sur moi de la tête au pied.
Un ami est mort du cancer, putain de bordel, c'est tellement pas possible de prononcer ces mots à même pas 30 ans. J'ai coché tous les "Et si" que l'on peut se dire dans de tels moments, en secouant la tête d'impuissance pour essayer de les effacer. Puis l'abstraction qui planait depuis le 11 septembre 2001 s'est soudain concrétisée dans la foulée. Vu les endroits touchés par les attentats, c'est toutes les personnes que j'aime, quasiment sans exception, qui auraient pu se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. Sans chercher très loin, juste au second degré de relation, je ne compte pas le nombre de personnes dont on m'a dit qu'elles étaient, ce soir-là, au mauvais endroit au mauvais moment. J'ai (eu) une peur globale. Elle ne visait pas un groupe de personnes en particulier, ou un ami, ou une cousine, elle visait l'ensemble de mon répertoire mental de connaissances, passées et présentes.
Et ça provoque un bordel dans la frise chrono-logique de ma vie. J'ai expérimenté le traditionnel éloignement des amies, même de celles les plus proches, accompagné de sa traditionnelle amertume, et me suis fait violence pour n'y voir qu'un effet sordide, mais sommes toutes attendu, du temps qui passe. Mais en une semaine, j'ai renoué avec 3 de ces amies si proches et si loin, et c'est comme si le choc de cette peur avait cassé la chronologie, comme si le temps lui-même en avait perdu son sens.
Oui, j'ai pensé à vous dans ma peur, si proches et si loin. Oui, tout a changé durablement, et je n'ai même pas peur de l'affirmer. Tout a changé, tout. Moi, tellement accrochée d'ordinaire à mes rancunes, vivant à travers mes rancœurs et mes non-dits, d'un coup tout a fait "pschhht".
Comme le dit cette image qui a circulé dans les heures suivant les attentats, il va falloir beaucoup, beaucoup, beaucoup d'amour. Je crois que le fait d'avoir renoué est notre petite contribution à cette vaste entreprise.