vendredi 14 janvier 2011
14/01/2011
00:14
Par Kalleidoscope
Blog
Ma vie a changé (encore)
Passons outre le sexe de la dernière personne à avoir fait pulser ce qui me sert de coeur. Enfin, pour le moment. Si je continuais à voir la psy, elle me dirait sûrement, de son ton le plus freudien (oui, un ton freudien, ça existe) "ah bon ? vous êtes sûre ? vous n'avez pas rencontré un homme récemment ?" Passons, j'ai dit.
Tout à l'heure, la boîte de Brufen sous le nez, j'ai réalisé que je n'en avais pas eu besoin. La douleur venue du fond de l'univers, qui me percute de plein fouet dans son élan (rien que ça) à chaque fois que j'ai mes règles, elle est restée au fond de l'univers pour ce mois-ci. Ou plutôt, je crois qu'elle s'est perdue en me cherchant dans l'espace : je suis partie de ma planète sans laisser d'adresse.
Depuis que j'ai arrêté de voir la psy, j'ai l'impression de récupérer progressivement, en mieux, les fragments d'une vie laissée quelque part entre 2005 et 2007. Un peu comme si j'étais partie faire un long voyage depuis ce très imprécis moment. (Pas moyen de voir le moment pile où j'ai décroché, partie à la dérive, loin.) Un peu par hasard, ou peut-être pas tant que ça, je suis revenue dans ma galaxie, à défaut d'être revenue sur l'exacte même planète (j'en ai déjà fait le tour, elle ne m'intéresse plus, de toute façon).
Et c'est marrant, ce sentiment de familiarité en mieux : la réalité augmentée peut en pâlir de jalousie. Tout a plus de goûts. Certaines choses ont de nouveau du goût. D'autres en perdent, mais étonnamment ce sont les seules dont l'amertume gâchait le reste.
Oui, je deviens professionnelle dans l'art de désamorcer les engueulades inutiles avec mes parents, avec Sana. Ce qui m'a permis les cris utiles (c'est une version fun du vote utile) tout à l'heure contre mon proprio, alors que je ne m'en serais jamais cru capable. (Sur mon autre planète, je me serais contentée d'imaginer l'engueulade, ce dont l'efficacité reste à démontrer.) Oui, la bulle imaginaire vient de prendre une sacrée claque, cette bulle-même que la psy voulait que je dégonfle. How ironic que je commence cette longue tâche au moment où je suspends l'analyse.
The ways back home.
(Home, c'est ce désir incendiaire que j'avais en moi, de "Rechercher la vie n'importe où".)
Peu à peu, je l'ai suffisamment dit, suffisamment montré, les feux se sont éteints les uns après les autres. Tout a disparu, les hystéries joyeuses comme les psychodrames. (Quand je suis sortie avec Bianca, je n'ai pas eu l'hystérie joyeuse que j'ai eue pour Sikou ; quand on a rompu, je n'ai pas fait le psychodrame que j'ai eu pour Cam'.) Je n'avais plus qu'un seul mot dans ma vie, autour duquel tout le reste tournait. (C'est si drôle d'imaginer ce paradoxe.) Une obsession dont je n'ai pas encore élucidé le rôle.
Dans ce bordel, Bianca a été comme une bouée, un repère dans l'espace, qui m'a indiqué l'introspection, la parole, la psy. Elles ont été deux des ways back home. (Comme tout le monde, j'ai besoin de lire et d'interpréter rétrospectivement.)
Je crois qu'il faut parfois attendre pour récupérer sa vie. Le désir incendiaire (mais, je crois, un feu gentil cette fois, tout juste un Calcifer, quelque chose qui ne détruira plus tout sur son passage), il faut le mériter. Je crois que rompre avec Sikou a lancé l'égarement dans l'espace. Je crois que rompre avec Bianca a été à la fois le moyen de me perdre au maximum et de retrouver mon chemin. (Là, c'est le mot dialectique qui intervient, et dont la signification, pour la première fois de ma vie, fait réellement sens à mes yeux.)
Imaginons un élastique tendu à son maximum, tout ça pour revenir à son point de départ. Plus il sera tendu, plus il s'agrandira. Lorsqu'il sera de nouveau en relâchement, il gardera de manière irréversible, la mémoire de toute cette tension qui lui a servi à grandir. Je suis cet élastique. L'analyse pendant deux ans est cette tension. L'agrandissement dans le relâchement, c'est moi maintenant. (Et Anne est un saumon.)
Je crois qu'il faut grandir pour de vrai pour revenir à l'adolescence. Putain, certaines phrases paraissent si évidentes et si impossibles à la fois. Avec mon Moi de maintenant, j'embrasse mon adolescence, je la serre dans les bras, je la partage, même (concerts, livres, paroles de chansons, quelque chose a pulsé la semaine dernière). Ce qui est fou, c'est que ce n'est plus dans le passé, quelque chose de distant d'une vie antérieure. Je découvre les délices de pouvoir me dire "c'est ma vie", tout ça sans discontinuer, malgré l'errance dans l'espace. Je suis Une, sans dislocation de moi-même. (Ma fenêtre passe de cadre brisé à cadre épistémologique.)
Je crois qu'il faut suivre ses intuitions avec la force de l'espoir. Théâtre, SoiréeLise, stretching matinal, arrêt de l'analyse, pour les plus récents, voyages, Couchsurfing, analyse tout court, pour les plus anciens. Il y a quelque chose dans tout ça qui me dit "c'est ça le chemin". Il y a quelque chose dans tout ça de profondément résistant à l'interprétation, et de profondément résistant à l'angoisse surtout. Il y a dans tout ça un "Pourquoi pas ?" dont je ne me lasse pas.
Tous ces "Pourquoi pas", c'est parce que l'analyse et son arrêt ont libéré une énergie folle en moi (cf l'analogie de l'élastique, souvenez-vous) et ont soulevé des voiles. J'ai enfin été capable de voir ma mère comme un être humain (avant, elle était soit le Bien soit le Mal), de voir ma vie comme mienne, des voir mes envies surtout (qui ne sont ni le Bien ni le Mal).
Dans le fond, ce qui fait que ma vie a changé, c'est cette boîte de Brufen restée inutile aujourd'hui. (Au même titre que le jour où j'ai soudainement arrêté de me ronger les ongles, sans plus jamais en avoir envie, un beau jour d'été 2005.)
MaVie a changé, mais elle reste par essence MaVie.
(Le retour à la philo est important.)
Tout à l'heure, la boîte de Brufen sous le nez, j'ai réalisé que je n'en avais pas eu besoin. La douleur venue du fond de l'univers, qui me percute de plein fouet dans son élan (rien que ça) à chaque fois que j'ai mes règles, elle est restée au fond de l'univers pour ce mois-ci. Ou plutôt, je crois qu'elle s'est perdue en me cherchant dans l'espace : je suis partie de ma planète sans laisser d'adresse.
Depuis que j'ai arrêté de voir la psy, j'ai l'impression de récupérer progressivement, en mieux, les fragments d'une vie laissée quelque part entre 2005 et 2007. Un peu comme si j'étais partie faire un long voyage depuis ce très imprécis moment. (Pas moyen de voir le moment pile où j'ai décroché, partie à la dérive, loin.) Un peu par hasard, ou peut-être pas tant que ça, je suis revenue dans ma galaxie, à défaut d'être revenue sur l'exacte même planète (j'en ai déjà fait le tour, elle ne m'intéresse plus, de toute façon).
Et c'est marrant, ce sentiment de familiarité en mieux : la réalité augmentée peut en pâlir de jalousie. Tout a plus de goûts. Certaines choses ont de nouveau du goût. D'autres en perdent, mais étonnamment ce sont les seules dont l'amertume gâchait le reste.
Oui, je deviens professionnelle dans l'art de désamorcer les engueulades inutiles avec mes parents, avec Sana. Ce qui m'a permis les cris utiles (c'est une version fun du vote utile) tout à l'heure contre mon proprio, alors que je ne m'en serais jamais cru capable. (Sur mon autre planète, je me serais contentée d'imaginer l'engueulade, ce dont l'efficacité reste à démontrer.) Oui, la bulle imaginaire vient de prendre une sacrée claque, cette bulle-même que la psy voulait que je dégonfle. How ironic que je commence cette longue tâche au moment où je suspends l'analyse.
The ways back home.
(Home, c'est ce désir incendiaire que j'avais en moi, de "Rechercher la vie n'importe où".)
Peu à peu, je l'ai suffisamment dit, suffisamment montré, les feux se sont éteints les uns après les autres. Tout a disparu, les hystéries joyeuses comme les psychodrames. (Quand je suis sortie avec Bianca, je n'ai pas eu l'hystérie joyeuse que j'ai eue pour Sikou ; quand on a rompu, je n'ai pas fait le psychodrame que j'ai eu pour Cam'.) Je n'avais plus qu'un seul mot dans ma vie, autour duquel tout le reste tournait. (C'est si drôle d'imaginer ce paradoxe.) Une obsession dont je n'ai pas encore élucidé le rôle.
Dans ce bordel, Bianca a été comme une bouée, un repère dans l'espace, qui m'a indiqué l'introspection, la parole, la psy. Elles ont été deux des ways back home. (Comme tout le monde, j'ai besoin de lire et d'interpréter rétrospectivement.)
Je crois qu'il faut parfois attendre pour récupérer sa vie. Le désir incendiaire (mais, je crois, un feu gentil cette fois, tout juste un Calcifer, quelque chose qui ne détruira plus tout sur son passage), il faut le mériter. Je crois que rompre avec Sikou a lancé l'égarement dans l'espace. Je crois que rompre avec Bianca a été à la fois le moyen de me perdre au maximum et de retrouver mon chemin. (Là, c'est le mot dialectique qui intervient, et dont la signification, pour la première fois de ma vie, fait réellement sens à mes yeux.)
Imaginons un élastique tendu à son maximum, tout ça pour revenir à son point de départ. Plus il sera tendu, plus il s'agrandira. Lorsqu'il sera de nouveau en relâchement, il gardera de manière irréversible, la mémoire de toute cette tension qui lui a servi à grandir. Je suis cet élastique. L'analyse pendant deux ans est cette tension. L'agrandissement dans le relâchement, c'est moi maintenant. (Et Anne est un saumon.)
Je crois qu'il faut grandir pour de vrai pour revenir à l'adolescence. Putain, certaines phrases paraissent si évidentes et si impossibles à la fois. Avec mon Moi de maintenant, j'embrasse mon adolescence, je la serre dans les bras, je la partage, même (concerts, livres, paroles de chansons, quelque chose a pulsé la semaine dernière). Ce qui est fou, c'est que ce n'est plus dans le passé, quelque chose de distant d'une vie antérieure. Je découvre les délices de pouvoir me dire "c'est ma vie", tout ça sans discontinuer, malgré l'errance dans l'espace. Je suis Une, sans dislocation de moi-même. (Ma fenêtre passe de cadre brisé à cadre épistémologique.)
Je crois qu'il faut suivre ses intuitions avec la force de l'espoir. Théâtre, SoiréeLise, stretching matinal, arrêt de l'analyse, pour les plus récents, voyages, Couchsurfing, analyse tout court, pour les plus anciens. Il y a quelque chose dans tout ça qui me dit "c'est ça le chemin". Il y a quelque chose dans tout ça de profondément résistant à l'interprétation, et de profondément résistant à l'angoisse surtout. Il y a dans tout ça un "Pourquoi pas ?" dont je ne me lasse pas.
Tous ces "Pourquoi pas", c'est parce que l'analyse et son arrêt ont libéré une énergie folle en moi (cf l'analogie de l'élastique, souvenez-vous) et ont soulevé des voiles. J'ai enfin été capable de voir ma mère comme un être humain (avant, elle était soit le Bien soit le Mal), de voir ma vie comme mienne, des voir mes envies surtout (qui ne sont ni le Bien ni le Mal).
Dans le fond, ce qui fait que ma vie a changé, c'est cette boîte de Brufen restée inutile aujourd'hui. (Au même titre que le jour où j'ai soudainement arrêté de me ronger les ongles, sans plus jamais en avoir envie, un beau jour d'été 2005.)
MaVie a changé, mais elle reste par essence MaVie.
(Le retour à la philo est important.)