dimanche 14 novembre 2010
14/11/2010
16:38
Par Kalleidoscope
Blog
Boucan d'enfer
Souvent quand j'avais peur que ma mère ne m'aime plus, peut-être deux ou trois fois quand j'ai eu peur que mes amis ne m'aiment plus, une fois quand ma grand-mère est morte. J'ai pleuré pour de vrai. Pas les larmes de crocodile pour lesquelles j'étais très forte, mais qui ne voulaient rien dire au final. Les larmes de crocodile, c'étaient celles réservées au public, merci pour vos applaudissements, non je ne fais pas de bis. Ca, c'est quand j'étais enfant.
Et puis à l'adolescence, j'ai commencé à pleurer un peu pour tout et n'importe quoi, surtout du n'importe quoi évidemment. Je n'avais aucune hiérarchie entre les colères contre ma mère, les déceptions amoureuses multiples, la trahison d'une amie, la cruauté d'un ex, ou encore la fin d'un livre. Tout ça pêle-mele, c'était l'inondation de Paris en 1910, les grandes eaux de Versailles, que dis-je ? la mousson indienne. Je me disais "plus je crie fort, plus je suis malheureuse" et "plus je suis malheureuse, plus je crie fort" un peu indistinctement.
On peut appeler ça l'adolescence, l'âge sensible, qu'est-ce-que ça change ? Je faisais un boucan d'enfer à chaque heur et malheur. Je criais sur tous les toits ce qui m'arrivait.
Quand j'étais amoureuse de Philippe et qu'il est sorti avec Florence, j'ai cru à Tchernobyl. Pauvrette de moi, qu'y a-t-il au-dessus de Tchernobyl ? Mega-Tchernobyl ? Comment on hiérarchise le reste quand on est persuadé d'avoir vécu la fin du monde ? J'ai réalisé ça deux ans plus tard, quand je suis tombée amoureuse de Cam et que Robinson est apparu. J'avais atteint le boucan maximum, le décibel au-delà duquel le corps cède. Enfin là encore, c'est ce que je croyais.
L'histoire s'est répétée, bien sûr, a renforcé ma meilleure ennemie avec Sikou. Je n'ai même jamais essayé de me faire moins bruyante, à quoi bon ? J'étais si sûre de descendre de cercle en cercle dans mon enfer à moi. Blogs, appels téléphoniques, yeux bien rouges devant tout le monde, regardez bien La Douleur.
J'étais loin de mes larmes de crocodile enfantines, mais l'impudeur leur donnait la même apparence. Ce n'est pas étonnant si Bianca n'y croyait pas. D'ailleurs, est-ce-que j'y croyais moi-même ? Je suis un peu devenue la femme qui criait au loup, attention l'enfer arrive !, oui c'est ça allez remballe. Plus un gramme de crédibilité de moi pour moi. Je ne sais même plus si j'ai pleuré après la rupture. Sûrement que oui, mais on est loin des déluges précédents. Il aurait fallu que je me croie moi-même pour ça, que je croie aux rêves successifs, au dos qui se bloque, aux migraines, à la guimauve dans laquelle j'évolue depuis trop longtemps.
Finalement mon boucan habituel s'est retourné contre moi, encore plus assourdissant. Le moindre de mes gestes me rappelle à une discussion sur un banc près du métro Ménilmontant, et à l'embrassade sur le parvis de Beaubourg. Omoplate, pied, bras, migraine, torticolis, c'est une révolte entière contre mon silence.
Dis, elle dure combien de temps l'expiation de Perceval pour son silence ? Ah oui, j'oubliais, c'est un roman inachevé.
Et puis à l'adolescence, j'ai commencé à pleurer un peu pour tout et n'importe quoi, surtout du n'importe quoi évidemment. Je n'avais aucune hiérarchie entre les colères contre ma mère, les déceptions amoureuses multiples, la trahison d'une amie, la cruauté d'un ex, ou encore la fin d'un livre. Tout ça pêle-mele, c'était l'inondation de Paris en 1910, les grandes eaux de Versailles, que dis-je ? la mousson indienne. Je me disais "plus je crie fort, plus je suis malheureuse" et "plus je suis malheureuse, plus je crie fort" un peu indistinctement.
On peut appeler ça l'adolescence, l'âge sensible, qu'est-ce-que ça change ? Je faisais un boucan d'enfer à chaque heur et malheur. Je criais sur tous les toits ce qui m'arrivait.
Quand j'étais amoureuse de Philippe et qu'il est sorti avec Florence, j'ai cru à Tchernobyl. Pauvrette de moi, qu'y a-t-il au-dessus de Tchernobyl ? Mega-Tchernobyl ? Comment on hiérarchise le reste quand on est persuadé d'avoir vécu la fin du monde ? J'ai réalisé ça deux ans plus tard, quand je suis tombée amoureuse de Cam et que Robinson est apparu. J'avais atteint le boucan maximum, le décibel au-delà duquel le corps cède. Enfin là encore, c'est ce que je croyais.
L'histoire s'est répétée, bien sûr, a renforcé ma meilleure ennemie avec Sikou. Je n'ai même jamais essayé de me faire moins bruyante, à quoi bon ? J'étais si sûre de descendre de cercle en cercle dans mon enfer à moi. Blogs, appels téléphoniques, yeux bien rouges devant tout le monde, regardez bien La Douleur.
J'étais loin de mes larmes de crocodile enfantines, mais l'impudeur leur donnait la même apparence. Ce n'est pas étonnant si Bianca n'y croyait pas. D'ailleurs, est-ce-que j'y croyais moi-même ? Je suis un peu devenue la femme qui criait au loup, attention l'enfer arrive !, oui c'est ça allez remballe. Plus un gramme de crédibilité de moi pour moi. Je ne sais même plus si j'ai pleuré après la rupture. Sûrement que oui, mais on est loin des déluges précédents. Il aurait fallu que je me croie moi-même pour ça, que je croie aux rêves successifs, au dos qui se bloque, aux migraines, à la guimauve dans laquelle j'évolue depuis trop longtemps.
Finalement mon boucan habituel s'est retourné contre moi, encore plus assourdissant. Le moindre de mes gestes me rappelle à une discussion sur un banc près du métro Ménilmontant, et à l'embrassade sur le parvis de Beaubourg. Omoplate, pied, bras, migraine, torticolis, c'est une révolte entière contre mon silence.
Dis, elle dure combien de temps l'expiation de Perceval pour son silence ? Ah oui, j'oubliais, c'est un roman inachevé.