J'ai même plus que survécu : je viens presque de renaître, après 3 ans et demi à tourner en rond. 3 ans et demi durant lesquels je me suis cassé les dents sur la gent masculine, à n'y rien comprendre, et à ne jamais rien oser. Sans compter le millefeuille de problèmes familiaux, ou encore l'épreuve morale et physique de la prépa.
Il a fallu 10 jours, j'ai envie de dire 3 heures, pour me sentir soulagée de tout.

Vendredi 1e septembre, je fais sa connaissance, et lui tourne le dos pour parler à Maëlle. (si si)
Samedi 9 septembre, je suis invitée à sa pendaison de crémaillère over-VIP (6 personnes, dont moi).
Lundi 11 septembre, 18h20, nous rentrons dans le Starbucks d'Odéon pour bavarder.
Lundi 11 septembre, 21h20, nous ressortons du Starbucks main dans la main.
Mardi 12 septembre, 00h20, il me raccompagne de chez lui au Rer.

Je ne sais pas ce qui s'est passé ce soir. Je pense que je pourrai y repenser longtemps, retourner la soirée dans tous les sens, mais le mystère demeurera complet. Quelque chose m'a échappé, mais qui n'a pas échappé à mon système lacrymal.

Les protagonistes sont les suivants : Sarah, ma jolie chérie ; Madieu, le chiwi de Sarah ; Frédéric-ami-de-Madieu, le charmant conducteur de la DS le week-end avant la rentrée. (Et Coline, à qui on raconte tout -même en retard !- en détails, of course). Sarah est la marionnettiste, bien qu'elle refuse de me répéter ce qu'elle a vraiment raconté à Fred sur moi. Madieu n'est qu'observateur, mais celui par qui la rencontre se fait. Fred demande mon numéro à Sarah le lendemain de sa crémaillère. Coline hystérise. Moi je réponds aux textos du lundi matin. Et Fred suggère que l'on se revoit le jour-même, c'est-à-dire tout à l'heure.

Si ça n'est pas clair, c'est tout à fait normal : ça ne l'est pas pour moi non plus.

C'était la soirée la plus étrange de ma vie. Même si un jour je vis une rencontre du 3e type, ça ne pourra jamais être aussi étrange que cette soirée. J'ai parlé avec quelqu'un que je connais depuis 10 jours, comme si je le connaissais depuis 10 ans. On s'est enlacés (suite censurée) comme si on ne voulait plus jamais se quitter. Accessoirement, en le prenant dans mes bras la première fois au café, je me suis dit "Je le lâche plus", et lui m'a dit chez lui.. hinhin :)
Et chez lui, j'ai pleuré. J'ai pleuré comme une idiote, j'ai pleuré dans ses bras. J'ai pleuré, parce que j'ai eu l'impression qu'on m'enlevait tout à coup un poids immense, celui de l'angoisse et de l'échec. Un fardeau qui devenait lourd, en particulier depuis un an. En quelques mots, en quelques étreintes, tous les S, J, ou autres T, ont été renvoyés aux calendes grecques.
Il n'y avait plus que lui, moi et la musique dans son studio minuscule.

Au café, j'ai eu beau jouer l'autiste qui contemple ses ongles, du style "bon on fait quoi maintenant", je savais très clairement où tout ça pouvait aller. Je n'avais juste pas envisagé que le moment serait si proche, où je me sentirai de nouveau calme et tranquille. Un ciel de sentiments m'est simplement tombé sur la tête. Et au risque de passer pour la dernière des niaises : j'avais oublié ce que ça pouvait faire de se sentir aimée.
Même si cela doit durer 2 jours, même si je me rétracte dans une semaine tellement j'ai peur, même si la fin de cette histoire doit me faire cracher mes intestins, il y a une chose impossible à m'enlever : j'ai passé le moment le plus mystérieux et le plus beau qui m'ait été donné de vivre jusque là.

J'entends encore sa voix.