18 ans à fleur de peau
Par Kalleidoscope, mercredi 15 mars 2006 à 00:32 :: Blog
Avoir 18 ans n'est pas chose aisée tous les jours, croyez-moi. On peut concentrer trois semaines d'émotions en une seule journée. Par exemple, ma journée d'aujourd'hui. Au hasard.
Quand on a 18 ans, la vie n'est pas simple. Je suis sûre d'avoir des problèmes existentiels : dois-je manifester ou rester en cours, sachant que j'ai déjà séché mardi dernier pour le mouvement ? Et je pense que j'ai passé deux heures devant un dilemme cornélien. Mes idées face à la réalité. Si j'ai 18 ans, ce n'est pas pour me laisser déjà engloutir par la réalité. Alors mes 18 ans ont décidé que je devais me battre pour mes idées. (Et surtout, mes 18 ans ont été très vexés par Fabien, le matin dans le Rer : "Ahahaha, ça se dit dans un mouvement, mais tu vas quand-même en cours ! T'es une lobotomisée du système ahahaha, t'es comme les 3/4 des Français !") (Mais ça, 'faut pas le dire)
Et j'ai eu raison, parce qu'il faut toujours écouter son coeur face à la raison. J'ai dit.
A 18 ans, on aime bien lancer de grandes phrases comme ça, en se croyant très intelligent et très innovant.
A 18 ans, on a la sociabilité à fleur de peau aussi. On découvre les gens, on les écoute, on parle avec eux, et le monde s'agrandit sous leurs pas. En allant à l'AG à la mairie de Montreuil, je suis tombée sur Lucie, élève de JJ. Je devais lui prêter des polys, ce qui fait que je l'ai ensuite invitée à la maison, au lieu d'inviter des gens de F. L'évidence même. J'aime ces moments où on a tout à coup l'occasion de se dire "Mais cette personne est géniale". Parce que j'ai passé environ deux heures non-stop à parler avec elle, elle que je connaissais uniquement de mes (très très très) nombreuses escapades à JJ.
Même qu'à 18 ans, j'ai 18 ans d'expérience de bavarde derrière moi. Alors quand le type le plus bavard de la planète commence à me parler en plein milieu de la manif, il tombe sur un os. Mohammed, que je ne devrais même pas connaître (mais je traîne décidément trop avec les gens de JJ), a la tchatche facile, le rire impromptu, et dit que j'ai une tête "qui donne envie de rire" (sic). Il n'avait juste pas prévu que je rentrerais dans son jeu et que je pouvais le battre. Entre lui et Tabara qui me fait rire à chaque phrase qu'elle prononce, les désagréments de début de manif' étaient bien loin.
Parce qu'à 18 ans, on passe vite du rire aux larmes. Ce qui était colère et tension au début de la manif' s'est transformée en détente et éclats de rire.
Dans une seule journée de manif', on découvre des gens, mais on peut aussi revoir des amies pas vues depuis longtemps. Parce que, je cite quelqu'un, "on croise plein de gens dans le manifs", des gens comme Céline. Je connais Céline depuis le collège, elle a une année scolaire de plus que moi et a fait sa khagne à JJ. Alors parfois, on se sent tout petit, même à 18 ans. On se dit "Woââh, cette fille a été sous-a et elle te dit de croire en toi pour l'Ens ?" Dans ces cas-là, on a beau avoir 18 ans, on se contente d'écouter gentiment ce qu'on nous dit. Et ça vaut tout l'or du monde.
Parce qu'à 18 ans, on a encore tout à apprendre et tout à vivre, cette journée m'aura apporté sa part de sagesse.
Quand on a 18 ans, aussi, on sort tout juste de la période "sensible" de l'adolescence, celle où on pleure toute bête contre son oreiller en écrivant des poèmes. On est fragilisées toute la vie par les premiers chagrins d'amour (expression consacrée) qui marquent et fragilisent le squelette de notre personnalité, qui était alors en formation. C'est bête à dire, mais on ne se remet jamais vraiment de ce qui arrive à 14 ou 15 ans. Et les jours semés depuis lors ne sont que des jours de plus à lutter contre ces souvenirs. C'est comme ça.
Alors parfois, on a beau être grande et forte, avoir 18 ans, et essayer de déchirer sa mémoire. Parfois on croise des gens qu'on n'avait pas vus depuis longtemps, environ trois ans. Un ancien copain, un Antoine sans ses 20 kilos de trop. Et rien ne va plus, parce qu'en effet "on croise plein de gens dans les manifs". Trop même, je ne m'habituerai jamais.
Mains qui tremblent, quasi-mutisme pendant environ une minute avant d'expliquer à ceux qui m'entourent qui je viens de voir, les larmes qui montent, le rire nerveux, le cerveau qui s'emballe. Ca faisait juste très mal. Voilà, c'est dit. Et je ne saurais pas l'expliquer. Sûrement qu'à 18 ans, la rancoeur et la haine sont exacerbées, tout aussi fortes que les convictions politiques. La sensibilité à fleur de peau.
Alors à 18 ans, le seul remède, c'est encore les amies et le téléphone. Avoir une amie au téléphone. Et la pêche aux potins fructueuse permet de mettre la journée au clair. Des rires, des pseudo-analyses, des ragots et du défoulement.
Parce qu'à 18 ans, il est difficile de tout concilier en une seule journée. Faire le grand écart entre les anciennes connaissances et les nouvelles, subir aussi le grand écart entre amoureuse et haineuse, et se dire qu'à 18 ans, ça ne fait que commencer.
Quand on a 18 ans, la vie n'est pas simple. Je suis sûre d'avoir des problèmes existentiels : dois-je manifester ou rester en cours, sachant que j'ai déjà séché mardi dernier pour le mouvement ? Et je pense que j'ai passé deux heures devant un dilemme cornélien. Mes idées face à la réalité. Si j'ai 18 ans, ce n'est pas pour me laisser déjà engloutir par la réalité. Alors mes 18 ans ont décidé que je devais me battre pour mes idées. (Et surtout, mes 18 ans ont été très vexés par Fabien, le matin dans le Rer : "Ahahaha, ça se dit dans un mouvement, mais tu vas quand-même en cours ! T'es une lobotomisée du système ahahaha, t'es comme les 3/4 des Français !") (Mais ça, 'faut pas le dire)
Et j'ai eu raison, parce qu'il faut toujours écouter son coeur face à la raison. J'ai dit.
A 18 ans, on aime bien lancer de grandes phrases comme ça, en se croyant très intelligent et très innovant.
A 18 ans, on a la sociabilité à fleur de peau aussi. On découvre les gens, on les écoute, on parle avec eux, et le monde s'agrandit sous leurs pas. En allant à l'AG à la mairie de Montreuil, je suis tombée sur Lucie, élève de JJ. Je devais lui prêter des polys, ce qui fait que je l'ai ensuite invitée à la maison, au lieu d'inviter des gens de F. L'évidence même. J'aime ces moments où on a tout à coup l'occasion de se dire "Mais cette personne est géniale". Parce que j'ai passé environ deux heures non-stop à parler avec elle, elle que je connaissais uniquement de mes (très très très) nombreuses escapades à JJ.
Même qu'à 18 ans, j'ai 18 ans d'expérience de bavarde derrière moi. Alors quand le type le plus bavard de la planète commence à me parler en plein milieu de la manif, il tombe sur un os. Mohammed, que je ne devrais même pas connaître (mais je traîne décidément trop avec les gens de JJ), a la tchatche facile, le rire impromptu, et dit que j'ai une tête "qui donne envie de rire" (sic). Il n'avait juste pas prévu que je rentrerais dans son jeu et que je pouvais le battre. Entre lui et Tabara qui me fait rire à chaque phrase qu'elle prononce, les désagréments de début de manif' étaient bien loin.
Parce qu'à 18 ans, on passe vite du rire aux larmes. Ce qui était colère et tension au début de la manif' s'est transformée en détente et éclats de rire.
Dans une seule journée de manif', on découvre des gens, mais on peut aussi revoir des amies pas vues depuis longtemps. Parce que, je cite quelqu'un, "on croise plein de gens dans le manifs", des gens comme Céline. Je connais Céline depuis le collège, elle a une année scolaire de plus que moi et a fait sa khagne à JJ. Alors parfois, on se sent tout petit, même à 18 ans. On se dit "Woââh, cette fille a été sous-a et elle te dit de croire en toi pour l'Ens ?" Dans ces cas-là, on a beau avoir 18 ans, on se contente d'écouter gentiment ce qu'on nous dit. Et ça vaut tout l'or du monde.
Parce qu'à 18 ans, on a encore tout à apprendre et tout à vivre, cette journée m'aura apporté sa part de sagesse.
Quand on a 18 ans, aussi, on sort tout juste de la période "sensible" de l'adolescence, celle où on pleure toute bête contre son oreiller en écrivant des poèmes. On est fragilisées toute la vie par les premiers chagrins d'amour (expression consacrée) qui marquent et fragilisent le squelette de notre personnalité, qui était alors en formation. C'est bête à dire, mais on ne se remet jamais vraiment de ce qui arrive à 14 ou 15 ans. Et les jours semés depuis lors ne sont que des jours de plus à lutter contre ces souvenirs. C'est comme ça.
Alors parfois, on a beau être grande et forte, avoir 18 ans, et essayer de déchirer sa mémoire. Parfois on croise des gens qu'on n'avait pas vus depuis longtemps, environ trois ans. Un ancien copain, un Antoine sans ses 20 kilos de trop. Et rien ne va plus, parce qu'en effet "on croise plein de gens dans les manifs". Trop même, je ne m'habituerai jamais.
Mains qui tremblent, quasi-mutisme pendant environ une minute avant d'expliquer à ceux qui m'entourent qui je viens de voir, les larmes qui montent, le rire nerveux, le cerveau qui s'emballe. Ca faisait juste très mal. Voilà, c'est dit. Et je ne saurais pas l'expliquer. Sûrement qu'à 18 ans, la rancoeur et la haine sont exacerbées, tout aussi fortes que les convictions politiques. La sensibilité à fleur de peau.
Alors à 18 ans, le seul remède, c'est encore les amies et le téléphone. Avoir une amie au téléphone. Et la pêche aux potins fructueuse permet de mettre la journée au clair. Des rires, des pseudo-analyses, des ragots et du défoulement.
Parce qu'à 18 ans, il est difficile de tout concilier en une seule journée. Faire le grand écart entre les anciennes connaissances et les nouvelles, subir aussi le grand écart entre amoureuse et haineuse, et se dire qu'à 18 ans, ça ne fait que commencer.
Commentaires
1. Le mercredi 15 mars 2006 à 15:55, par Colinula
2. Le mercredi 15 mars 2006 à 20:38, par Kalleidoscope
3. Le jeudi 16 mars 2006 à 08:13, par Colinula
4. Le jeudi 16 mars 2006 à 09:11, par Lolo
5. Le jeudi 16 mars 2006 à 12:14, par Kalleidoscope
6. Le samedi 18 mars 2006 à 22:39, par Cawel
Ajouter un commentaire
Les commentaires pour ce billet sont fermés.