Le jour où mon blog chez Free a bugué, il y a quelque chose comme 2 mois, j'étais en train de rédiger un article sur F., le lycée où j'ai fait ma khâgne.
F. se trouve à l'articulation du pire et du meilleur. Entre le désenchantement et la victoire sur soi-même.

J'ai mis presque les 3/4 de l'année à comprendre ce lycée, alors qu'il m'a fallu un mois pour m'adapter au fonctionnement de JJ. A tous les niveaux : profs, élèves, organisation des cours.
F. m'a paru une planète tout à fait étrangère et hostile jusqu'à décembre. Ce lycée m'a ensuite paru étranger uniquement, jusqu'en mars. J'ai commencé à l'aimer en avril, alors que l'année s'est finie il y a 2 semaines.
Mieux vaut tard que jamais, non ?

Je me suis approprié cet espace, en y dessinant le ballet de mes pas perdus, de couloirs en escaliers et de salles en bureaux. J'ai trainé mes semelles récalcitrantes d'étage en étage, de bâtiment principal en annexe. Et j'ai appris ces lieux. Je sais où se trouve la salle SAV2 et où sont les toilettes à chaque étage de chaque bâtiment. Je peux dire comment est décorée la 104, et où se trouve la salle des professeurs.
F. est devenu mon lycée.
Le quartier aussi est devenu mien. Je ne confonds plus Saint-Germain et Saint-Michel, et les sandwicheries de la rue Saint-André-des-Arts n'ont plus de secrets pour moi. Je sais où sont les crèpes au nutella les moins chères, là où elles sont les meilleures, et les vendeurs de paninis me disent bonjour quand je passe. Mes pas ont laissé des traces à chaque coin de rue.
Ne parlez plus de Saint-Michel sans penser à moi.

Et puis forcément, j'ai compris les élèves. Là où je me heurtais à un mur d'incompréhension, où je ne savais pas comment m'y prendre, j'ai insisté et j'ai réussi. L'incompréhension n'était pas leur, elle était mienne. Moi, Marine B., scolarité effectuée de bout en bout en banlieue rouge. J'ai joué la rigidité et non la souplesse, et quand je m'essayais à des tours de contorsionniste, c'était avec les mauvaises personnes.
Mais il y a eu Charlotte, la première de qui je me suis rapprochée. Puis, les dernières semaines, ces autres avec qui j'avais déjà vaguement parlé, sans imaginer que je garderais contact avec eux à la fin de l'année. Marine ou Tristan, pour ne citer qu'eux.
Je me suis assouplie jusqu'à comprendre que j'avais moi aussi ma place dans ce lycée, que je n'étais pas du tout une inconnue pour les profs. J'ai même arrondi les angles jusqu'à envisager d'y cuber.

Je retourne finalement à JJ, mais cela n'avait rien d'évident. De septembre à juin, de la solitude à la solidarité, j'ai vaincu mes longues premières impressions. La greffe a prise et fut une belle expérience.

Je ne verrai jamais plus Saint-Michel comme avant.