La mémoire La vraie
Par Kalleidoscope, jeudi 7 octobre 2010 à 02:58 :: Blog
C'est à chaque fois le même émerveillement : comment cette information a pu être stockée dans ma mémoire ? Comment, entre deux dates, entre deux mots de vocabulaire, entre deux prénoms, cette sensation s'est-elle fait une place ?
Mon corps semble avoir bien plus de mémoire que ma réflexion. Et il semble bien prompt, ces derniers temps, à me le rappeler. Cet après-midi, ce sont mon palais et mon odorat qui ont été mis à contribution, pour cause d'achats fortuits à Auchan (la vie la vraie). Mon bain de bouche, le moins cher, bifluoré, m'a laissé toute l'après-midi un goût d'école primaire, quand on nous apprenait à nous brosser les dents avec un produit bien plus fluoré que mon Colgate Junior (et les trois souris, sur le tube, qui se grimpaient les unes sur les autres). Il y a aussi eu l'odeur de mon adolescence, celle d'une certaine nostalgie, parce que je me suis rabattue sur la mousse à raser pour hommes (toujours dans les rayons d'Auchan la vie la vraie), à défaut de trouver le gel pour femmes, et qu'après m'être rasée sous la douche, j'avais mon adolescence collée aux mains toute l'après-midi. C'était l'odeur des rendez-vous secrets, des nuques et des écharpes dans lesquelles je fourrais mon visage, l'odeur que je traînais ensuite sur mes propres écharpes.
Oui, mon corps n'a rien oublié de tout ça. C'est même incroyable que je puisse vivre chaque jour sans traîner tous ces souvenirs comme un poids, qu'ils soient rangés aussi bien que si Ikea avait designé les lieux. C'est pourtant si primal, si loin de la civilisation. Parfois j'en suis à sentir les personnes et reconnaître l'odeur de leurs appartements. Parfois, j'entends les voix dans ma tête des personnes que je ne fréquente plus, la basse Aurélia, l'enfantine Ludivine, et parfois ce sont leurs expressions du visage, soigneusement répertoriées, qui me reviennent, les fossettes de Charlotte, la main gauche de Julie.
Il est vrai que je n'ai pas besoin d'Auchan pour ces souvenirs-là. Deux secondes de concentration et mon corps voyage dans le temps sans carte Waooh!.
La prochaine fois, je tente le chocolat en granulés Pouce, pour le petit-déj chez mes grands-parents.
Mon corps semble avoir bien plus de mémoire que ma réflexion. Et il semble bien prompt, ces derniers temps, à me le rappeler. Cet après-midi, ce sont mon palais et mon odorat qui ont été mis à contribution, pour cause d'achats fortuits à Auchan (la vie la vraie). Mon bain de bouche, le moins cher, bifluoré, m'a laissé toute l'après-midi un goût d'école primaire, quand on nous apprenait à nous brosser les dents avec un produit bien plus fluoré que mon Colgate Junior (et les trois souris, sur le tube, qui se grimpaient les unes sur les autres). Il y a aussi eu l'odeur de mon adolescence, celle d'une certaine nostalgie, parce que je me suis rabattue sur la mousse à raser pour hommes (toujours dans les rayons d'Auchan la vie la vraie), à défaut de trouver le gel pour femmes, et qu'après m'être rasée sous la douche, j'avais mon adolescence collée aux mains toute l'après-midi. C'était l'odeur des rendez-vous secrets, des nuques et des écharpes dans lesquelles je fourrais mon visage, l'odeur que je traînais ensuite sur mes propres écharpes.
Oui, mon corps n'a rien oublié de tout ça. C'est même incroyable que je puisse vivre chaque jour sans traîner tous ces souvenirs comme un poids, qu'ils soient rangés aussi bien que si Ikea avait designé les lieux. C'est pourtant si primal, si loin de la civilisation. Parfois j'en suis à sentir les personnes et reconnaître l'odeur de leurs appartements. Parfois, j'entends les voix dans ma tête des personnes que je ne fréquente plus, la basse Aurélia, l'enfantine Ludivine, et parfois ce sont leurs expressions du visage, soigneusement répertoriées, qui me reviennent, les fossettes de Charlotte, la main gauche de Julie.
Il est vrai que je n'ai pas besoin d'Auchan pour ces souvenirs-là. Deux secondes de concentration et mon corps voyage dans le temps sans carte Waooh!.
La prochaine fois, je tente le chocolat en granulés Pouce, pour le petit-déj chez mes grands-parents.
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