A celles et ceux qui ne lisent pas ici
Par Kalleidoscope, samedi 9 avril 2011 à 12:03 :: Blog
Père Castor va vous raconter une histoire. Il y a fort longtemps, mais ça reste la même vie, je n'avais pas de blog. (Bah oui, un monde sans blog a existé un jour.)
C'était au collège et au début du lycée. Je n'avais accès à moi-même que par pointillés quasi-transparents, et mes amis (qui n'étaient pas tous vous à cette époque) n'avaient jamais accès à moi-même. Même mon premier copain crisait de ne rien savoir. Savoir. OK, t'es mignon, mais savoir quoi ?
Et puis un jour, je me suis dit qu'il devait y avoir quelque chose, au fond, bien caché. C'était juste après ma deuxième crise d'adolescence, une encore plus moche que la première, du genre à réveiller les morts. J'ai commencé à creuser à la petite cuillère, parfois à la louche, selon l'humeur et le sens du vent. Vous qui ne me lisez pas, si vous aviez été mes amis à cette époque, vous auriez été lésés : le long d'une rue qui traverse le temps, j'ai semé des bouts de moi par dizaines, des presque vrais de vrais presque authentiques, parce que j'étais bien au courant que personne qui compte ne me lisait. Mes amis ne voyaient qu'en très rétréci et déformé, voire pas du tout, ce que j'exposais aux quatre vents sur la blogosphère.
Sauf que ce système est progressivement tombé quand je vous ai rencontrés, vous qui ne me lisez pas. D'abord contrainte et forcée, puis de mon plein gré, je vous ai accueillis comme lecteurs. J'ai aimé ça. Je partageais avec vous ce que je ne savais pas exprimer autrement que par blog interposé.
Je faisais semblant d'écrire la vérité, je faisais semblant d'y croire, et vous faisiez de même (le pacte autobiographique, c'est bien cette foutaise où tout le monde fait semblant de ?). Mais vous, vous qui à présent ne me lisez plus ou ne m'avez jamais lue, vous n'avez pas besoin de ces artifices. La preuve, c'est que vous n'avez jamais retapé l'adresse de ce blog dans votre navigateur. Ou vous avez peut-être simplement manqué de curiosité, mais let me reassure you : je ne vous en veux pas, au contraire.
Peut-être que, pour une fois, vous n'avez pas eu l'impression que je dissimulais quelque chose. Vous avez bien raison : un début de commencement d'analyse plus tard, je me suis appropriée moi-même. What you see is what I am. A celles qui partagent ma vie, vous savez déjà tout ce que je sais moi-même. A ceux qui partagent ma vie, je vous offre déjà tout ce que je peux vous offrir. Comment en vouloir plus ?
Et par-dessus tout, vous me voyez telle que je suis. Sans blog, je n'ai pas le temps de réfléchir, de mettre en forme, de rendre présentable. Vous qui ne me lisez pas, vous avez bien compris : je n'ai pas l'occasion de vous mentir. Vous me posez une question, et mes bégaiements, mes hésitations, le ton de ma voix, en diront plus long que n'importe quel article de blog. Vous me racontez vos histoires, et mes yeux, mes mains, mon emportement ou mon calme, en diront plus long que n'importe quel smiley FB.
Vous qui ne me lisez pas et avez accès à mon corps plus qu'à mes mots, si je ne vous ai pas dit quelque chose, c'est que cela ne comptait pas.
C'était au collège et au début du lycée. Je n'avais accès à moi-même que par pointillés quasi-transparents, et mes amis (qui n'étaient pas tous vous à cette époque) n'avaient jamais accès à moi-même. Même mon premier copain crisait de ne rien savoir. Savoir. OK, t'es mignon, mais savoir quoi ?
Et puis un jour, je me suis dit qu'il devait y avoir quelque chose, au fond, bien caché. C'était juste après ma deuxième crise d'adolescence, une encore plus moche que la première, du genre à réveiller les morts. J'ai commencé à creuser à la petite cuillère, parfois à la louche, selon l'humeur et le sens du vent. Vous qui ne me lisez pas, si vous aviez été mes amis à cette époque, vous auriez été lésés : le long d'une rue qui traverse le temps, j'ai semé des bouts de moi par dizaines, des presque vrais de vrais presque authentiques, parce que j'étais bien au courant que personne qui compte ne me lisait. Mes amis ne voyaient qu'en très rétréci et déformé, voire pas du tout, ce que j'exposais aux quatre vents sur la blogosphère.
Sauf que ce système est progressivement tombé quand je vous ai rencontrés, vous qui ne me lisez pas. D'abord contrainte et forcée, puis de mon plein gré, je vous ai accueillis comme lecteurs. J'ai aimé ça. Je partageais avec vous ce que je ne savais pas exprimer autrement que par blog interposé.
Je faisais semblant d'écrire la vérité, je faisais semblant d'y croire, et vous faisiez de même (le pacte autobiographique, c'est bien cette foutaise où tout le monde fait semblant de ?). Mais vous, vous qui à présent ne me lisez plus ou ne m'avez jamais lue, vous n'avez pas besoin de ces artifices. La preuve, c'est que vous n'avez jamais retapé l'adresse de ce blog dans votre navigateur. Ou vous avez peut-être simplement manqué de curiosité, mais let me reassure you : je ne vous en veux pas, au contraire.
Peut-être que, pour une fois, vous n'avez pas eu l'impression que je dissimulais quelque chose. Vous avez bien raison : un début de commencement d'analyse plus tard, je me suis appropriée moi-même. What you see is what I am. A celles qui partagent ma vie, vous savez déjà tout ce que je sais moi-même. A ceux qui partagent ma vie, je vous offre déjà tout ce que je peux vous offrir. Comment en vouloir plus ?
Et par-dessus tout, vous me voyez telle que je suis. Sans blog, je n'ai pas le temps de réfléchir, de mettre en forme, de rendre présentable. Vous qui ne me lisez pas, vous avez bien compris : je n'ai pas l'occasion de vous mentir. Vous me posez une question, et mes bégaiements, mes hésitations, le ton de ma voix, en diront plus long que n'importe quel article de blog. Vous me racontez vos histoires, et mes yeux, mes mains, mon emportement ou mon calme, en diront plus long que n'importe quel smiley FB.
Vous qui ne me lisez pas et avez accès à mon corps plus qu'à mes mots, si je ne vous ai pas dit quelque chose, c'est que cela ne comptait pas.
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