Ecrit avec Coline en cadavre exquis, mardi soir.

En ce moment, j’ai de petits problèmes d’identité. Je sors tellement que je me demande comment ma mère arrive encore à me reconnaître. Je suis un peu tout le monde à la fois.
Enfin, tout le monde..

Il en manque toujours du monde. Finalement, est-ce-qu’on pourra arriver un jour à être tous au complet, comme avant ? Oula ! Attention au pathos ! Mais je lui en veux au monde.

Il tourne dans un sens alors que moi, parfois, je voudrais aller de l’autre côté, comme on remonte des escalators dans le mauvais sens, pour remonter le temps.

Mais remonter le temps, c’est pas possible. Remonter le temps pour changer de décision. Remonter le temps même si ça ne servirait à rien, même s’il faut assumer chaque décision, comme dans Eternal Sunshine Of The Spotless Mind. Remonter le temps et rester à JJ.
Ne pas avoir le coeur à l’envers en pensant à eux sans moi, à moi sans eux.

Alors je passe mon temps avec eux, je fuis tous ces gens avec qui je n’ai pas de souvenirs. Coline, Sarah, Nico, Lorane, Maëlle, Marion, Fatima. Et Sikou bien sûr. Et puis aussi Sarah avec MaTTHieu, et Lorane avec Nico. The Great Year, comme dirait Coline.
Il y a les soirées au bar Che Guevara de Bastille, notre nouveau QG.
Il y a les fous rires autour de nos ragots.
Il y a nos confidences, comme si nous n’étions à nous tous qu’une seule personne.
Il y a les heures au téléphone.
Il y a les accolades avant de se quitter.

Accolades ? Ca foisonne oui ! Généralement, on tombe tous plus ou moins dans les bras des unes des autres, en pleurant si besoin est. Bon j’exagère peut être un peu mais c’est fusionnel entre nous. J’entends encore Maëlle dire d’une voix angoissée : “Mais pourquoi est-ce-que j’ai l’impression qu’on se reverra jamais ?”....depuis quand c’est envisageable ? On peut pas vivre les uns sans les autres...ça en a traumatisé plus d’un ! Quand on en connaît un du groupe, il faut accepter tous les autres. C’est la famille ! On sait tout, on voit tout. Ca vous étonne ? Ca vous fait peur ? Nous au moins, on a pas peur tous ensemble.

On a toujours chaud au fond de l’oeil et du coeur.

Pourtant on était pas habitués à ces surplus d’émotions. J’ai jamais été préparée à aimer tant de personnes. Je ne savais pas que c’était possible hors des livres. Je ne pensais pas un jour vivre Friends.
Je vivais en autarcie, et tout allait très bien.
Et d’un coup, j’ai été encore mieux. Tout à coup, j’ai été projetée dans un autre monde.

Mon monde à moi, maintenant, il tourne vite, très vite. Il avait déjà commencé à tourner plus vite il y a 2 ans et demi. Mais là, c’est plus pareil. Là, il y a des rêves de Daumesnil, comme prolongement évident de nous.
En attendant, je dors chez Coline jusqu’à vendredi, Lorane et Sarah vont dormir ici demain soir, on va peut-être passer une semaine tous ensemble en Bretagne en février, et.. et..

Et c’est un peu comme cette pochette de Noir Désir, où on les voit de dos marcher ensemble à travers les sillons d’un champ, où on devine le chemin accompli et celui qui reste à parcourir.

Il reste le meilleur à écrire. Ce qui est bien c’est que comme cet article, il sera écrit à plusieurs voix, à plusieurs noms, à plusieurs en somme. Un peu comme les mélodies de Bach. Il y a la main gauche qui scande. La main droite elle vole sur le clavier. Elle chante trois mélodies à la fois. La plus grave qui accompagne la main gauche, et les plus aïgues qui s’échappent en accrochant quelques notes au passage. Ces mélodies, c’est ce qu’on est. On voltige, on s’accroche. Et le tout forme un ensemble parfait, harmonieux, mélodique. Oui bon on peut faire mieux comme comparaison ! Quoique....pour moi l’amitié c’est une fugue de Bach : aussi difficile à jouer que magnifique à écouter.
Où on sera dans un an, dans 10, dans 20 ? Au Que pasa? à Daumesnil ? En tout cas, ça sera resté. Bête à dire, dur à croire.....mais pas si con que ça dans le fond...