lundi 31 octobre 2005

Dramelet

Dramelet, Bénabar

Le compte à rebours était lancé depuis déjà plusieurs mois
On dirait que tu serais plus la maman et que moi je serais plus le papa
On était devenus colocataires
Compagnons de cellule pensionnaires

On assurait le service minimum du couple
Mais après le film on faisait plus beaucoup d’heures sup
Parodie de paradis, fermons les guillemets
Sur cette minuscule tragédie sur ce dramelet


On voulait vivre souviens-toi comme dans une pub pour le café
Dans une maison aux couleurs vives toujours ensoleillée
Les dents super blanches et les chemises hyper bien repassées
Plein d'amis mannequins qui seraient venus dîner

Ca s’est vite transformé en sujet du 19/20
Sur la misère amoureuse des jeunes citadins
Tant pis pour l'enfant dont on ne sera pas les parents
Orphelin prénatal c'est un vrai scandale

La machine à voyager dans le temps c’est nous
Elle est bloquée en marche avant c’est fini un point c’est tout

Tu sanglotes tu blêmis à présent qu’a sonné l’heure
Elle est super cette phrase j’suis balaise comme auteur
Tu souris pourtant tu trouves ça triste
T’approuves mais tu regrettes c’est ton côté socialiste


Tu retourneras te faire chier à Venise avec un autre que moi
Il y aura j’espère une autre fille qui me traînera chez Ikea
Tu m’en diras du bien que c’est une fille pour moi
Je mendierai la preuve, la preuve que tu le penses pas


Tant pis pour Cupidon qui nous comparait déjà
A Paul et Virginie à César et Rosalie à Ken et Barbie !

Faut aimer son prochain comme soi-même
Moi je prendrai soin d’aimer ma prochaine.




Semper eadem, semper idem

Nous n'avons fait que fuir
Je pourrais bien partir sans jamais me retourner. C'est exactement le genre de fuite dont je suis capable. Je n'affronte rien, je m'enfuis, et je cours si vite qu'on ne peut pas me rattraper.

Dès fois j'me dis j'vais voyager
Et oui, je suis comme ça. Je refuse d'être dépendante de quoique ce soit, et à plus forte raison de qui que ce soit. Je ne m'attache pas, je suis libre comme l'air. J'aimerais bien me tuer un peu en partant loin de tout, sans laisser d'adresse. A personne.

Je cherche le soleil au milieu de la nuit
Toujours mes nuits blanches, qui ne sont pas si lumineuses que ça. Elles sont noires, noires, noires même. Elles me coupent du monde, elles changent mon rythme de vie, elles me font lever en milieu d'après-midi. Elles font même remonter mes plus grandes peurs à la surface. Et pourtant, j'y reviens, toujours un vague espoir de trouver de la lumière, d'arriver au bout de la nuit.

Par toi je change l'or en fer Et le paradis en enfer
Ca me prend au ventre, comme une brûlure intense, comme un vertige alcoolisé. Le monde tourne soudain plus vite, je l'observe sans comprendre, je ne tiens plus debout. Brûlure du dégoût de soi, vertige de la haine de soi, tout remonte du plus profond de mes tripes. J'alchimise ma vie dans le mauvais sens.

Perdido en el corazon de la grande Babylon, me dicen el clandestino
Je ne suis pas à ma place dans ce lycée. Je n'avais déjà pas beaucoup de motivation, je n'en ai presque plus aucune. Où trouver la force de continuer ? Si mes anciens profs ne comptaient pas sur moi, si je ne tenais pas tant à répondre aux attentes de tout le monde, j'irais à la fac. Je me sens si insignifiante.

Je tourne et tourne à l'imperfection
J'en reviens toujours au même point. Je prends des décisions différentes, je vis des expériences différentes, mais.. Mais j'en reviens toujours aux mêmes angoisses, aux mêmes sentiments de vide devant moi. J'ai peur d'avancer. Je mets du temps à me construire une confiance, et en un clin d'oeil tout disparaît. Pour des raisons futiles. Enfin pas pour moi, puisque ma vie en dépend.

Elle est vieille mon histoire, j'suis pas le premier à penser ça
La banalité de tout ça m'afflige. C'est une parodie de tragédie, un dramelet comme dirait Bénabar. Et pourtant. Je marche sur un fil, un souffle peut me faire basculer.