A lire entre les lignes
Par Kalleidoscope, vendredi 14 avril 2006 à 01:03 :: Blog
"C'est fragile l'extension de tes bras
C'est fragile les cordes de ta voix
C'est fragile le tissu de nos peaux
C'est fragile quand tu ne dis qu'un mot
C'est fragile les ailes des oiseaux
C'est fragile on nait rien qu'une fois
C'est fragile ça claque entre les doigts"
Fragile, Les Têtes Raides
J'aime bien jouer SuperWoman, ça doit être mon passe-temps préféré. Quand on me demande si ça va, je réponds souvent "T'inquiète" avec le petit-sourire-complice-de-la-fille-qui-en-a-vu-d'autres. Surtout quand j'ajoute aussitôt "J'suis une warrior".
Ahah.
Ceux qui ont droit à ce genre de réponse ont de la chance. C'est qu'ils restent gentiment en dehors de toute inquisition visant à savoir si ça va vraiment. Ou bien qu'ils me prennent vraiment pour une fille solide et ne cherchent jamais à me protéger de quoique ce soit. Ils sont à l'ouest, les pauvres. Enfin, tant mieux pour eux, car dès qu'on s'approche de moi, on n'en finit plus de compter les failles.
Un peu comme les tableaux impressionnistes, en moins artistique.
Pour les autres, les amis proches, c'est une autre histoire. Bien sûr, comme tous, ils se heurtent à mon obstination du "Je vais bien, tout va bien". Mais, à ce qu'il paraît, on me connait beaucoup plus que je ne le crois, et certain(e)s lisent en moi comme si j'étais un livre ouvert.
Alors eux devinent les failles. Ils les devinent, car je ne les dis pas. Jamais.. ou presque.
Elle a deviné que je n'allais pas bien, alors même que j'intériorisais au maximum ; une autre a compris que je ne voulais pas quitter le lycée, et m'a écrit les mots qui l'un après l'autre ont su me faire pleurer ; l'an passé, elle m'a dit que j'étais mystérieuse, mais ça ne l'a pas empêchée de comprendre l'importance qu'elles toutes avaient à mes yeux, et elle m'a fait pleurer pendant près d'une heure ; quant à lui, il a le mieux compris cette fragilité : "Si on te laissait livrée à toi-même, tu aurais une espérance de vie de trois jours".
Tous ont trouvé le talon d'Achille, quand je cherche si bien à le cacher.
Mais ils n'ont pas gagné pour autant lorsqu'ils l'ont trouvé. Ils gagnent ma secrète estime, mais je rechigne toujours à avouer qu'ils ont raison. Je me montre parfois même agressive, s'ils cherchent à me protéger malgré moi. J'ai déjà du mal à accepter que ma mère s'occupe de moi..
Même lui (surtout lui) n'y coupe pas. S'il met son bras devant moi, pour m'empêcher d'avancer quand une moto sort de son garage, je suis encore capable de répondre d'un air excédé "Non mais c'est bon, je vais pas me faire écraser".
Pourtant, c'est peut-être celui qui m'a le mieux comprise, qui a su le mieux lire entre les lignes. Ca m'a frappée de plein fouet le soir où il s'est tout à coup inquiété pour moi, car il avait vu le dernier article de mon photoblog avec "Black-Eyed" de Placebo, et il avait ensuite cherché à me téléphoner, sauf que je n'avais pas mon téléphone. Alors quand il a enfin pu me parler, il m'a expliqué qu'il avait eu une "peur irrationnelle", ne portant sur rien de précis. Je ne crois pas qu'il l'aurait eue avec quelqu'un d'autre.
Pour la première fois (à part mes parents et ma meilleure amie), j'ai compris que mon instabilité, une fois découverte, pouvait inquiéter quelqu'un. Quelqu'un de cher, en plus. Et au fond, ça m'a fait de la peine qu'il s'inquiète tant, une fois l'étonnement passé. Et de la peur, aussi. Est-ce-qu'on m'aime encore, quand on devine les fissures sous la carapace ? Ou bien la peur de moi prend-elle le pas sur l'amour ?
Ce n'est même pas un manque de confiance en l'autre. C'est juste que je ne tiens pas à effrayer les personnes que j'aime en les rendant conscientes du poids que je peux être, quand je ne vais pas bien.
Il vaut mieux pour eux les protéger de moi, que les laisser vouloir me protéger.
Non ?
C'est fragile les cordes de ta voix
C'est fragile le tissu de nos peaux
C'est fragile quand tu ne dis qu'un mot
C'est fragile les ailes des oiseaux
C'est fragile on nait rien qu'une fois
C'est fragile ça claque entre les doigts"
Fragile, Les Têtes Raides
J'aime bien jouer SuperWoman, ça doit être mon passe-temps préféré. Quand on me demande si ça va, je réponds souvent "T'inquiète" avec le petit-sourire-complice-de-la-fille-qui-en-a-vu-d'autres. Surtout quand j'ajoute aussitôt "J'suis une warrior".
Ahah.
Ceux qui ont droit à ce genre de réponse ont de la chance. C'est qu'ils restent gentiment en dehors de toute inquisition visant à savoir si ça va vraiment. Ou bien qu'ils me prennent vraiment pour une fille solide et ne cherchent jamais à me protéger de quoique ce soit. Ils sont à l'ouest, les pauvres. Enfin, tant mieux pour eux, car dès qu'on s'approche de moi, on n'en finit plus de compter les failles.
Un peu comme les tableaux impressionnistes, en moins artistique.
Pour les autres, les amis proches, c'est une autre histoire. Bien sûr, comme tous, ils se heurtent à mon obstination du "Je vais bien, tout va bien". Mais, à ce qu'il paraît, on me connait beaucoup plus que je ne le crois, et certain(e)s lisent en moi comme si j'étais un livre ouvert.
Alors eux devinent les failles. Ils les devinent, car je ne les dis pas. Jamais.. ou presque.
Elle a deviné que je n'allais pas bien, alors même que j'intériorisais au maximum ; une autre a compris que je ne voulais pas quitter le lycée, et m'a écrit les mots qui l'un après l'autre ont su me faire pleurer ; l'an passé, elle m'a dit que j'étais mystérieuse, mais ça ne l'a pas empêchée de comprendre l'importance qu'elles toutes avaient à mes yeux, et elle m'a fait pleurer pendant près d'une heure ; quant à lui, il a le mieux compris cette fragilité : "Si on te laissait livrée à toi-même, tu aurais une espérance de vie de trois jours".
Tous ont trouvé le talon d'Achille, quand je cherche si bien à le cacher.
Mais ils n'ont pas gagné pour autant lorsqu'ils l'ont trouvé. Ils gagnent ma secrète estime, mais je rechigne toujours à avouer qu'ils ont raison. Je me montre parfois même agressive, s'ils cherchent à me protéger malgré moi. J'ai déjà du mal à accepter que ma mère s'occupe de moi..
Même lui (surtout lui) n'y coupe pas. S'il met son bras devant moi, pour m'empêcher d'avancer quand une moto sort de son garage, je suis encore capable de répondre d'un air excédé "Non mais c'est bon, je vais pas me faire écraser".
Pourtant, c'est peut-être celui qui m'a le mieux comprise, qui a su le mieux lire entre les lignes. Ca m'a frappée de plein fouet le soir où il s'est tout à coup inquiété pour moi, car il avait vu le dernier article de mon photoblog avec "Black-Eyed" de Placebo, et il avait ensuite cherché à me téléphoner, sauf que je n'avais pas mon téléphone. Alors quand il a enfin pu me parler, il m'a expliqué qu'il avait eu une "peur irrationnelle", ne portant sur rien de précis. Je ne crois pas qu'il l'aurait eue avec quelqu'un d'autre.
Pour la première fois (à part mes parents et ma meilleure amie), j'ai compris que mon instabilité, une fois découverte, pouvait inquiéter quelqu'un. Quelqu'un de cher, en plus. Et au fond, ça m'a fait de la peine qu'il s'inquiète tant, une fois l'étonnement passé. Et de la peur, aussi. Est-ce-qu'on m'aime encore, quand on devine les fissures sous la carapace ? Ou bien la peur de moi prend-elle le pas sur l'amour ?
Ce n'est même pas un manque de confiance en l'autre. C'est juste que je ne tiens pas à effrayer les personnes que j'aime en les rendant conscientes du poids que je peux être, quand je ne vais pas bien.
Il vaut mieux pour eux les protéger de moi, que les laisser vouloir me protéger.
Non ?
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