mardi 15 février 2011
15/02/2011
00:36
Par Kalleidoscope
Blog
Les eaux usées
Ca faisait longtemps que j'avais filtré la pollution qui empestait ma tête.
Avec mon analys(t)e, j'ai appris à ne pas laisser circuler ces boues immondes. J'y ai mis les mains, ça brûlait un peu au début. J'ai dû m'y plonger tout entière, même, et parfois sans analyste. Je n'ai effectivement pas voulu l'exposer aux eaux trop pestilentielles. Mes bas-fonds sont mes bas-fonds.
J'ai quand-même réussi peu à peu à drainer, canaliser, le tout de mes propres mains. Que cela soit justifié ou non, j'en ressens une grande fierté : il n'y a pas de sot travail.
Pourtant, je n'ai pas fini la tâche : je sais que le cadavre qui gît au fond des eaux n'a pas disparu, la faute à la panique. Qui est-il ? Où est-il ? Tant que je me posais la question, tant que ce cadavre m'obsédait, je ne vidais pas les eaux usées. Elles stagnaient dans un réservoir, puantes, toujours là bien que filtrées, gonflant au fil des semaines et des séances.
Ca faisait longtemps que j'avais filtré Ça.
Alors j'ai décidé de ne plus me concentrer sur ce foutu cadavre. De toute façon, il est crevé, il n'ira pas très loin. Je reviendrai l'observer, je reviendrai l'aider à se décomposer de mes propres mains. Je ferai le travail des vers. Je le ferai avec amour, puisque ce cadavre est à moi.
Mais auparavant, il y avait de la boue crasse plein l'évier qui m'attendait. De voir tout Ça, d'y plonger mes mains une deuxième fois pour trouver le bouchon, j'ai paniqué. J'ai été absente à ma dernière séance. Et pourtant, je crois que c'est celle qui me fut le plus utile.
Ca faisait longtemps que j'avais effectué le travail de filtrage.
Elles étaient donc prêtes, les eaux usées : quand j'ai fui l'analys(t)e, elles ont fui ma tête. Comme si m'arracher libérait quelque chose. Libérée, libérées. Je me suis retrouvée tellement légère que j'ai pu secouer la tête, sans remuer des litres et des litres d'égoûts de moi et de morts.
Le signifiant est inno-sang ? (L'inno-sens porte mal son nom.)
Avec mon analys(t)e, j'ai appris à ne pas laisser circuler ces boues immondes. J'y ai mis les mains, ça brûlait un peu au début. J'ai dû m'y plonger tout entière, même, et parfois sans analyste. Je n'ai effectivement pas voulu l'exposer aux eaux trop pestilentielles. Mes bas-fonds sont mes bas-fonds.
J'ai quand-même réussi peu à peu à drainer, canaliser, le tout de mes propres mains. Que cela soit justifié ou non, j'en ressens une grande fierté : il n'y a pas de sot travail.
Pourtant, je n'ai pas fini la tâche : je sais que le cadavre qui gît au fond des eaux n'a pas disparu, la faute à la panique. Qui est-il ? Où est-il ? Tant que je me posais la question, tant que ce cadavre m'obsédait, je ne vidais pas les eaux usées. Elles stagnaient dans un réservoir, puantes, toujours là bien que filtrées, gonflant au fil des semaines et des séances.
Ca faisait longtemps que j'avais filtré Ça.
Alors j'ai décidé de ne plus me concentrer sur ce foutu cadavre. De toute façon, il est crevé, il n'ira pas très loin. Je reviendrai l'observer, je reviendrai l'aider à se décomposer de mes propres mains. Je ferai le travail des vers. Je le ferai avec amour, puisque ce cadavre est à moi.
Mais auparavant, il y avait de la boue crasse plein l'évier qui m'attendait. De voir tout Ça, d'y plonger mes mains une deuxième fois pour trouver le bouchon, j'ai paniqué. J'ai été absente à ma dernière séance. Et pourtant, je crois que c'est celle qui me fut le plus utile.
Ca faisait longtemps que j'avais effectué le travail de filtrage.
Elles étaient donc prêtes, les eaux usées : quand j'ai fui l'analys(t)e, elles ont fui ma tête. Comme si m'arracher libérait quelque chose. Libérée, libérées. Je me suis retrouvée tellement légère que j'ai pu secouer la tête, sans remuer des litres et des litres d'égoûts de moi et de morts.
Le signifiant est inno-sang ? (L'inno-sens porte mal son nom.)