Au commencement était la fiction.

Fantasia, les X-Men.

Rien ne m'a jamais autant attirée que les histoires de bons et de méchants, alors même que je renâcle de toutes mes forces à appliquer ces mots à la réalité. Mais les histoires de bons et de méchants ne sont jamais aussi simples qu'elles n'y paraissent, en réalité. Les deux où j'ai plongé tête baissée, sans jamais sortir la tête de l'eau, tournent avec le même moteur : des non-humains qui se battent entre eux pour savoir s'il faut défendre ou non les humains. Dans les deux, le pardon et la résilience jouent le premier rôle. Dans le schéma actantiel, selon les personnages, ils seraient à la fois les adjuvants et les obstacles, la conséquence et la quête. Attirée par ça, je le suis. How surprising.

J'aime les liens qui unissent, même malgré eux, les gentils qui auraient pu ne pas l'être aux méchants qui ont failli (à) être des gentils. J'aime le charme des faiblesses que cela crée aux uns et aux autres. Je n'aime rien tant que les voir chuter, pour se redresser ensuite. Story of my life. La beauté de la douleur ne fait aucun doute. Elle est magnifiée, sublimée, par ces jeux de miroirs entre (frères) ennemis. L'image que je garde de "X-Men: First Class" est celle de Charles Xavier hurlant lorsque Magneto tue Shaw. Mais cette image ne serait rien sans l'amour qui existe entre Xavier et Magneto.

En fait, ça me rappelle "Les Jolies choses", encore une histoire de soeurs ennemies, et le moment où Virginie Despentes écrit que les jumelles se sont construites l'une contre l'autre, et que l'une ne peut exister sans l'autre. De la même façon, j'aime quand les destins des héros et anti-héros sont attachés. L'intranquillité comme mode de vie, tant que leur ennemi existe. "Peace was never an option".

Et c'est là que le pardon et la résilience entrent en jeu. En vrai, dans ces histoires, ce n'est pas le combat du bien contre le mal. Dans le fond, je crois, ce sont des histoires de résilience, de capacité à se libérer de la rage et à voir plus loin que les traumatismes initiaux. La chute n'est belle que pour le dépassement qu'elle doit permettre.
Petite, j'aimais déjà voir les héros chuter. Je me délectais de leur agonie, attendant avec/sans impatience le moment où ils retrouveraient leur puissance. Mon épisode des X-Men préféré, celui où ils perdent leurs pouvoirs. Tout le dernier tome des Harry Potter ne semble exister que pour le retournement final de situation, lorsque la bataille tourne en faveur de l'Ordre du Phoenix. La recovery fonctionne toujours comme un climax dans l'histoire.

Et fiction ou réalité, tout le monde sait bien que c'est du pareil au même. Dans ma tête, je n'ai pas encore écrit la partie intéressante du chapitre où je retrouve mes pouvoirs (peut-être parce que je n'en ai jamais eus ?).