La journée d'hier avait pourtant commencé (plus ou moins) normalement.
Un peu comme dans tous les films où le miracle de Noël se produit : un magasin normal où un mannequin prend vie pour devenir la mère d'un enfant, une sorte d'huissier qui se révèle être l'homme de la vie d'une mère divorcée. Ou encore un Ecole des Loisirs où tout finit toujours par s'arranger, un Marie-Aude Murail par exemple. Ma journée était programmée pour tourner au Marie-Aude Murail.

Je n'ai pas eu un seul instant de répit durant la journée, du matin jusqu'au soir : lever à 10h après 4 heures de sommeil (j'ai toujours de bonnes idées avant d'aller dormir "Tiens, et si je refaisais mon site MarchandeDeCouleurs" ?), chez Sarah à midi pour récupérer mon écharpe et surtout tous mes sacs de cadeaux, rentrer chez moi manger, être à 14h à la mairie pour donner son cadeau à JB et aller avec lui à Neptune (sorte d'Emmaüs tenu par des personnes en réinsertion), à partir de 16h continuer mes courses de Noël sur Paris, rentrer chez moi pour l'emballage, et retourner chez Sarah à 21h pour notre Noël. Pfiou.
En fait, ça me plait de jouer ma femme pressée de temps en temps. Je ne le ferais pas tous les jours, mais ça m'amuse d'avoir la bougeotte, être ici un moment puis apparaître là-bas l'instant d'après. Le don d'ubiquité fait partie du miracle de Noël.

C'est un peu comme si un marchand de sable avait saupoudré de la magie de Noël partout sur ma journée. Il en a saupoudré sur mon passage chez Sarah qui était en train de regarder Friends (pour changer mdr.. Je suis sûre qu'elle est née en récitant déjà les blagues de Chandler), il en a saupoudré sur mes 2 heures avec Jean-Baptiste, sur mon shopping de Noël, et évidemment sur notre soirée de Noël.
Ca faisait longtemps que je n'avais pas vu Jean-Baptiste comme ça : il était bien, à peine stressée par les cours, drôle, et gentil. Le fait que je lui offre un cadeau lui a fait plaisir, et une fois dans Neptune, il n'arrêtait pas d'être lui-même. C'est-à-dire que je partais dans des fous rires toutes les 2 minutes, parce qu'il était dans son univers : des fringues laidissimes qui lui vont pourtant à merveille. Avec un peu de honte, parce qu'on est moyennement la clientèle visée par Neptune (où des gens vraiment pauvres achètent vraiment des affaires là-bas parce qu'ils en ont vraiment besoin), on est ressortis avec 15 fringues pour 8€.
Et il a décidé d'ouvrir mon cadeau : apparemment, je lui ai offert de la magie de Noël aussi, à en croire son sourire en découvrant les 3 carrés de pâte fimo. Enthousiasme enfantin.

Pendant que je cherchais les cadeaux qui me manquaient, en vue du Noël avec les miss, j'ai été amenée à repasser près du lycée. Et là, c'est un tout petit truc, mais ça a illuminé mon après-midi : j'ai eu 2 muffins délexquisavouricieux pour le prix d'un. Au Columbus Café (pour ne pas le nommer), j'ai demandé un muffin pomme-cannelle, et la vendeuse m'a rajouté un poire-vanille qu'elle ne pouvait vendre, parce qu'il était cassé. Vive la magie gourmande de Noël. (Et NON, je ne pense pas *toujours* à manger !)
Même que la magie de Noël, ça peut aussi être un tour dans Paris, au milieu des gens dont les bras sont chargés de sacs de cadeaux. Ca se sent dans l'air, ça se voit, ça s'entend dans les conversations. Il n'y a plus que ça. Il y a la tristesse du jour qui tombe, compensée par l'éclairage des illuminations de fin d'année. Il n'y a plus que Noël partout, et j'aime me sentir concernée par cette magie. Et merde aux cyniques qui verront derrière tout cela une orchestration commerciale machiavélique destinée à écraser chacun entre les pinces de la société de consommation.
En tout cas, aux Halles, à St-Michel et dans le Marais, Noël existe.

Je vous passe mon enthousiasme à emballer les cadeaux, ça doit être une de mes activités préférées au monde. Imaginer la surprise des gens en déchirant le papier, la simple joie de tenir le cadeau entre ses mains, et chercher à deviner ce dont il s'agit à travers l'emballage. Je me sentais en partie responsable de la soirée qu'allaient passer les miss "Il faut que l'emballage donne envie, il faut que le cadeau plaise, il faut que le sourire accompagne le geste, il faut.."
Il faut penser à tout ça pour réussir un Noël. Particulièrement le nôtre, qui est le premier que l'on fait ensemble.
Et la magie de Noël qui m'emporte, au moment de mon arrivée chez Sarah, un monde parallèle au même titre que la chocolaterie de Roald Dahl vue par Tim Burton. Au même titre que le monde de la littérature jeunesse. Un monde avec ses propres codes et ses protagonistes qui ignorent le monde extérieur. Un monde qu'on ne quitterait pour.. rien au monde, justement.

Sarah, Fatima saluée avec joie sautillante, Coline, Lorane, Marion et Maëlle accueillies avec joie sautillante aussi, et les seuls garçons de la soirée (suite au lâchage de Nicolas, hum) : Madieu (copain de Sarah) et son meilleur ami Alex.
Première fois qu'on est toutes réunies depuis une éternité, j'ai l'impression. Il en manquait toujours une, mais là on était toutes ensemble. La Famille réunie. Et les cadeaux tous posés au pied de la télé, à défaut du sapin. Une vraie montagne, sur laquelle on s'extasie toutes comme des enfants surexcités. Du cadeau XXL au petit emballage, de celui emballé parfaitement à celui dont l'emballage émouvant aurait pu être fait par un enfant de 4 ans (une certaine C.. n'est pas visée). Un Noël mieux qu'on aurait pu l'imaginer.
Et aux mauvaises langues (non, en fait, elles ont raison) qui prétendent que je ne pense qu'à manger, même le fait qu'il manque un repas de Noël ne m'a pas dérangée. Ahah. Les pizzas ramenées par Fatima ("les moins chères d'Auchan, y'a rien dessus, je vous préviens") convenaient très bien.

Je pourrais raconter la chaleur du salon de Sarah, les fauteuils toujours là pour nous, la cuisine propice aux discussions, l'indigestion de bonbons, le "je n'ai jamais" (sorte de jeu à boire qui pourrait très bien être soft, mais qui tourne toujours au graveleux) improvisé vers 23h, malgré les réticences de Coline Marion et moi.
Je pourrais raconter l'ouverture des cadeaux dans une ambiance presque électrique, tous les cadeaux que j'ai eus, et tous ceux que j'ai offerts, les papiers cadeaux qui jonchaient le sol et la joie enfantine devant nos trésors, les Barbies de Fatima, mon diadème et ma baguette magique, le poisson rouge de Sarah (Coline au vendeur : "Il s'appellera Ernesto, d'où l'importance qu'il soit rouge"), ou encore le mini baby-foot de Madieu.
Je pourrais raconter la joie de se retrouver, les accolades, les sourires sans raison, les rdv donnés pour être sûres qu'on est bien toujours ensemble, les mois qui passent et nous rapprochent de la cohabitation, les anecdotes échangées, nos discussions incompréhensibles pour Alex.
Je pourrais raconter Alex, qui s'est très bien fondu parmi nos délires malgré tout, et qui nous a fait partager son humour vers 2h du mat', alors que Madieu et Sarah s'étaient éclipsées (pour on ne sait quoi hum), les coups de fil anonymes (et longs !) qu'il a passés à des numéros qu'on lui filait, ses trouvailles à partir du briefing fait sur chacun ("alors lui, c'est un homophobe, misogyne, raciste" s'est transformé au téléphone en "allez, rejoins-nous, fais pas ta tafiole"). Mention spéciale pour l'appel passé à quelqu'un de mon ancien lycée JJ, à qui il a fait dire (le plus sérieusement du monde, même si je préfère penser qu'il plaisantait) "Marine ? J'vais me marier avec elle" et "entre Coline, Lorane, Maëlle et Marine, je prends Marine". Oh, merde.
Je pourrais raconter le réveil dans les vapes vers 9h, les dernières accolades avant de se revoir, et le trajet dans le bus avec mon diadème sur la tête.

Mais ça serait essayer d'approcher un univers que seules les photos peuvent retranscrire. Et des photos, il y en a eues. 90 en quelques heures. La magie d'un Noël en famille mérite bien cela. Ca méritait bien un article au titre rappelant les chapitres de "Oh, boy !"

Réponse de Lorane à mon sms pour toutes les remercier : "Je recrois au Père Noël, à la magie de Noël ! Je t'aime, je t'embrasse"
Pour moi aussi, le Père Noël existe.