J'ai besoin d'aimer
Je ne sais rien faire d'autre
J'ai besoin d'aimer
Et c'est pas ta faute
C'est ma faute à toi

(La Rue Kétanou, Ma faute à toi)


Je suis un monument de non-stabilité, quand je m'y mets. Quand je n'ai plus l'esprit occupé, je me divertis en mangeant, et la tension revient sous forme d'accès de colères.

En fait, je fais la fière, je me dis qu'avec ou sans copain, c'est du pareil au même. Je me dis que je suis bien au-dessus des gens incapables d'être célibataires, que je n'ai pas besoin de ça pour être bien. Hum, "des clous", pour reprendre une expression chère aux filles.
Mon humeur en dépend assez largement, et presque ma santé, en fait.

Déjà, je me demande si je ne suis pas un peu boulimique sur les bords par moments. Pas au sens clinique, parce que là, je ne pense pas avoir la moitié des symptômes qui caractérisent la boulimie. Il faudrait que je me jette sur la nourriture comme la misère sur le monde, que je me fasse parfois vomir (à moins que je confonde avec l'anorexie), et un tas de trucs morbides du style. Bon, j'en suis pas là, certes.
Mais j'ai quand-même de grandes tendances à prendre la nourriture comme substitut affectif, et à ne pas savoir m'arrêter. N'en avoir même pas envie. Me regarder prendre du poids, sans m'en alarmer le moins du monde, et même le rechercher. Un peu comme la volonté de montrer que quelque chose ne tourne pas rond. Enfler, enfler, comme la preuve que je ne m'avoue pas qu'il me manque quelque chose.
Et puis j'ai un rapport étrange à la nourriture, de toute façon. Je me rapelle avoir passé 48h complètes sans un vrai repas, sans même manger davantage qu'un vague biscuit dans la journée. C'était il y a quelques semaines. Plus les heures passaient, et moins j'avais faim, en fait. Et chaque heure passée était comme une victoire sur moi-même. En contrepartie, je peux me jeter sur tout ce qui traine dans les placards, et m'en faire des festins à toute heure du jour et de la nuit. Je saute parfois des repas équilibrés pour m'autoriser des festins de Nutella.

Enfin. Si je peux me permettre de nuancer, ça n'arrive qu'à certaines périodes. Cet accès de gavage a commencé il y a quelques semaines, mais je ne saurais pas dire quand exactement. Tout ce que je sais, c'est que c'est lié à ma récente rupture. Comme si un pot de Nutella comblait quoique ce soit.

Et puis, ce n'est pas le seul changement. Je ressens aussi de la tension, de l'inquiétude au sens étymologique : je ne me sens pas calme et tranquille. Quand je suis avec quelqu'un, c'est un peu comme si tous les problèmes devenaient plus légers. Une sorte de sécurité liée au fait d'être deux. Et quand cette sécurité part, chez moi qui suis angoissée de nature, toute la tension s'accumule et ressort sous forme d'accès de colère.
Je suis par exemple en deuil de mon baladeur mp3 qui refusait de marcher dans le froid. J'ai vu à quoi il ressemblait de l'intérieur, et une pièce se balade en faisant "cling" quand je secoue l'appareil. Ce n'est pas la première fois qu'il refusait de marcher, mais en l'occurence, c'est tombé au mauvais moment : ça fait quelques semaines que je suis nerveuse.
Les coups sont partis tout seuls. Promis.

Non, vraiment, il y a des situations auxquelles j'ai du mal à me faire. En même temps, j'ai moyennement le choix, donc je vais bien devoir m'habituer de nouveau à me traîner mes angoisses toute seule. Comme une grande. Comme je l'ai fait pendant deux ans. Jusqu'au prochain qui voudra bien les partager avec moi.

Et essayer de ne pas trop grossir entre temps.